La Cour suprême du Canada a rétabli, vendredi, un verdict de culpabilité à l'endroit de Kelly Ellard dans l'affaire du meurtre de Reena Virk, commis il y a une douzaine d'années.

Dans un jugement à huit contre un, le plus haut tribunal canadien a ainsi renversé une décision de la Cour d'appel de la Colombie-Britannique, rendue en 2008, dans ce dossier qui traîne en cour depuis plus de 10 ans. Seul le juge Morris Fish aurait exigé la tenue d'un nouveau procès.

Maintenant âgée de 26 ans, Ellard avait été reconnue coupable du meurtre en deux occasions, en 2000 et en 2005, mais chaque fois le verdict avait été renversé en Cour d'appel. Un autre procès, tenu à l'été de 2004, avait été annulé.

Suman Virk, la mère de la victime, a confié que cette décision de la Cour suprême soulageait les membres de sa famille, qui ont vécu trois procès et qui craignaient de devoir assister à un quatrième.

«Nous ne voulions pas d'un autre procès. Et j'espère ne plus jamais retourner dans une salle de cour», a lancé Mme Virk, selon qui la durée des procédures avait prolongé d'autant la souffrance de la famille.

Mme Virk est également soulagée de ne plus avoir à entendre les détails sordides de la mort de sa fille.

«Je ne peux imaginer qu'elle ait pu commettre un geste si horrible, si cruel. C'est ce qui demeure dans mon esprit. J'espère qu'elle recevra des soins psychologiques et qu'elle finira par reconnaître la nature de ses gestes car pour l'instant, elle refuse d'admettre qu'elle a tué Reena», a ajouté Mme Virk, en parlant de l'accusée.

À la suite du plus récent procès, les juges de la Cour d'appel avaient rejeté le verdict de culpabilité prononcé en 2005, sous prétexte que le juge de première instance avait mal conseillé les jurés au sujet de témoignages contradictoires d'un témoin de la Couronne.

S'expliquant au nom de ses sept collègues de la Cour suprême, la juge Rosalie Abella a indiqué que les témoignages en question n'auraient pas dû être acceptés comme éléments de preuve, mais qu'ils n'avaient que peu d'importance.

«Ces déclarations n'avaient aucune valeur probante et n'ont eu aucun effet dans le contexte de ce procès. Il s'agissait donc d'une erreur inoffensive. Dans les circonstances, aucune directive limitative n'était requise», a précisé la juge Abella.

Ellard a passé les sept dernières années derrière les barreaux.

Dans cette même affaire, Warren Glowatski avait été reconnu coupable de meurtre non prémédité, en 1999. Condamné à la prison à vie sans possibilité de libération avant d'avoir complété sept ans de sa peine, il a depuis été libéré.

Virk a été prise à partie par huit adolescents, battue puis noyée dans un parc de Victoria, le 14 novembre 1997. Elle était alors âgée de 14 ans.

Elle avait été invitée à «fêter» sous le pont Craigflower, mais a elle été la cible de nombreux coups de poings et de coups de pieds, à la suite d'une dispute au sujet de l'ami de coeur d'une autre fille.

Selon les éléments de preuve présentés en cour, Virk est parvenue à échapper à la première rossée, mais elle a été victime d'une deuxième attaque qui a causé des blessures internes de la même ampleur que si elle avait été écrasée par un véhicule.

Elle aurait vraisemblablement succombé à un traumatisme crânien.

Cependant, elle a été traînée dans un cours d'eau et maintenue sous l'eau jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus respirer.

Il a fallu huit jours avant que la police ne soit informée des incidents, et des policiers plongeurs ont éventuellement retrouvé le corps de l'adolescente.