Parce qu'il a déménagé sans avertir le tribunal et qu'il n'a pas donné de nouvelles à son avocat depuis au moins cinq mois, c'est avec des menottes, en tant que détenu, que Daniel Dupuis a comparu à son procès, hier, pour une course fatale qui a fait deux morts en 2005, à Montréal.

L'accident est survenu le soir du 24 juillet 2005, rue Notre-Dame, près de l'avenue Letourneux, et a coûté la vie à Mélissa Lalonde-Émard, 16 ans, et Annie Lachapelle, qui avait fêté ses 18 ans la veille. Même si les victimes n'étaient pas dans sa voiture, Dupuis est accusé de conduite dangereuse ayant fait deux morts, ainsi que de délit de fuite. Le ministère public lui reproche de s'être engagé dans une course avec un jeune de 18 ans, Frédéric Garneau. Lors d'une manoeuvre de dépassement, Garneau a perdu la maîtrise de sa vieille Hyundai et a terminé sa course contre un poteau et un arbre. Les deux jeunes filles qui se tenaient à droite dans la Hyundai sont mortes quasiment sur le coup. Garneau et le jeune homme assis derrière lui, Mathieu Bouchard, s'en sont tirés presque indemnes. Pour sa part, Dupuis, qui n'a pas été impliqué dans l'accident comme tel, aurait poursuivi sa route sans s'arrêter, au volant de sa Crossfire décapotable. Il a ensuite été retrouvé, à cause de la rareté du modèle de sa voiture.

 

Frédéric Garneau a plaidé coupable et a écopé de trois ans de prison, en novembre 2007. Il a recouvré la liberté depuis et s'apprête manifestement à témoigner car, hier, il attendait près de la salle d'audience. Auparavant, c'est Mathieu Bouchard qui a été appelé à la barre. Ce dernier a expliqué que le soir fatidique, leur petit groupe s'en allait à Montréal. À un feu rouge, ils ont remarqué la Crossfire et l'un des deux garçons a complimenté le conducteur pour sa belle voiture. Après cela, selon Mathieu Bouchard, le conducteur de la Crossfire les a dépassés, mais sans aller trop vite, comme pour les inciter à courser. «C'est comme s'il nous avait accrochés avec un câble... Frédéric a accéléré jusqu'à 150 km/h. On a passé plusieurs vertes... L'auto s'est mise à déraper... Après, l'auto était ouverte comme une boîte de sardines...» Ce témoin s'est toutefois contredit sur plusieurs points, comme l'a fait ressortir Me Bruno Ménard, avocat de l'accusé. Le procès se poursuit ce matin.

Arrestation et accusations

Hier, le juge Salvatore Mascia a dû interrompre le procès, pendant environ une demi-heure, pour que Dupuis puisse assister à l'enquête sur sa mise en liberté devant un autre juge. En ne donnant plus signe de vie, Dupuis a attiré l'attention des enquêteurs. Pour s'assurer de sa présence au procès, hier matin, les policiers se sont lancés à sa recherche la semaine dernière. Vendredi, ils l'ont retrouvé dans la maison de ses grands-parents, à Pointe-Calumet, et l'ont arrêté. Il n'avait pas indiqué son changement d'adresse au tribunal et avait omis de remettre son permis de conduire comme la Cour le lui avait ordonné, ce qui lui a valu des accusations de bris d'engagement. Hier, il a soutenu qu'il avait perdu son permis de conduire en 2005, qu'il n'avait pas conduit depuis les événements. Ses explications n'ont pas convaincu le juge Michel Bellehumeur, qui a refusé de le libérer.