Un policier de Longueuil, Pierre Giroux, a été reconnu coupable de voie de fait à l'égard d'une jeune fille de 15 ans, hier au palais de justice de Longueuil. Le policier de 49 ans a toutefois été acquitté d'une pareille accusation à l'égard de l'ami de coeur de cette jeune fille.

L'incident s'est produit le 17 juillet 2007, lors d'une intervention à laquelle participaient plusieurs policiers. Ces derniers répondaient à un appel d'urgence pour une querelle familiale au cours de laquelle un jeune homme avait agressé sa soeur avec un couteau, et où un bébé avait été blessé. Le sergent Giroux était responsable de l'escouade ce jour-là. Lorsque les policiers sont arrivés au 2110, boulevard Édouard, à Longueuil, plusieurs personnes en panique étaient rassemblées à l'extérieur de l'immeuble. Deux policiers ont trouvé et arrêté le suspect. Quand ils l'eurent maîtrisé au sol, l'une de ses soeurs, Claudia Joly, s'est approchée en criant. Le policier Giroux est intervenu pour la faire reculer, et elle a reçu un coup de coude au visage. Ce coup peut très bien avoir été donné accidentellement, croit le juge, car la jeune fille était agitée. Voyant cela, Sébastien Shank, ami de coeur de celle-ci, s'en est mêlé, et il s'est retrouvé au sol, empoigné à la gorge. Le juge estime que la force utilisée par M. Giroux n'était pas excessive compte tenu de la situation.

 

Le magistrat pense autrement pour le troisième incident, qui est survenu près d'un escalier, et pour lequel on lui a soumis une preuve contradictoire. Le policier Giroux soutenait qu'il avait fait reculer Mme Joly calmement vers les escaliers, alors que Claudia Joly affirmait que le policier l'avait saisie par derrière à la gorge et au menton en lui disant: «Calme-toi, tu ne feras pas la loi icitte, si tu ne te calmes pas je vais t'en crisser un autre sur la gueule.» La policière Sandy Gagné, qui comptait deux ans et demi d'expérience à ce moment, a corroboré en bonne partie la version de la plaignante. M. Giroux a fait la prise du sommeil à la jeune fille en lui disant: «Tu ne feras pas la loi icitte, ma tabarnak, quand je te dis de rester icitte, tu vas rester icitte», a résumé la policière Gagné au procès. La jeune policière était d'avis qu'il s'agissait d'une «intervention injustifiée» parce qu'elle s'est sentie obligée de dire au sergent Giroux: «C'est assez.»

Au bout du compte, le magistrat conclut que le policier Giroux a agi sous le coup de la colère pour faire taire la jeune fille et qu'il a fait un geste agressif et injustifié. Les plaidoiries sur la peine auront lieu le 15 octobre prochain. Comme l'incident s'est produit dans l'exercice de ses fonctions, le policier Giroux, qui est à quelques années de sa retraite, sera soumis au processus déontologique et risque maintenant de perdre son emploi. C'est du moins ce que son avocat, Pierre Dupras, a indiqué hier, lorsqu'il a été question de fixer une date pour les argumentations sur la peine. Elles ont finalement été fixées au 15 octobre prochain.