À Montréal-Nord, les groupes et les gens qui appuient la cause de la famille Villanueva sont satisfaits de la suspension de l'enquête du coroner. Mais qu'il y ait des procédures équitables ou pas, certains ne se font pas d'illusion. «Être noir à Montréal-Nord, c'est être défavorisé, précise Jay Jordan, un travailleur de rue. Personne ne dira jamais que la police est raciste.»

«La mort de Fredy était un événement désastreux et j'aurais espéré qu'on en apprenne quelque chose de bien», dit de son côté Jean-Yves Mérilan. Mais le résidant de Montréal-Nord n'y croit pas. Selon lui, le gouvernement ne veut pas régler quoi que ce soit, mais plutôt se débarrasser d'un problème. «C'est juste pour l'image», dit-il.

 

De son côté, le mouvement Solidarité Montréal-Nord interpellera l'Assemblée nationale, si le ministre de la Sécurité publique Jacques Dupuis n'agit pas pour que la situation soit équitable d'ici la prochaine semaine. «Nous donnons une semaine au ministre pour répondre à nos demandes», a déclaré le coordonnateur François Bérard.

Brunilda Reyes, directrice de l'organisme Les Fourchettes de l'espoir, demande pourquoi le ministre Dupuis a attendu a «ce point extrême de l'enquête» pour être «ouvert» à l'idée que le mandat de l'enquête soit élargi et que les frais d'avocat des jeunes proches de Fredy Villanueva soient payés.

Hier, le ministre Dupuis a déclaré que c'est au juge Sansfaçon que revenait «la responsabilité de tenir l'enquête et de prendre les décisions». Mais Brunilda Reyes doute de la bonne foi du ministre de la Sécurité publique. «Maintenant, c'est au ministre de faire ses devoirs. Le coroner a peut-être le pouvoir d'élargir son mandat, mais il n'est pas indépendant car son boss lui dit de ne pas le faire», affirme-t-elle.

Le groupe Montréal-Nord Républik demande également que l'enquête aille au-delà du cadre médicolégal de la mort de Fredy Villanueva, et qu'on examine les tensions raciales et sociales dans le secteur.