Dans l'espoir de retrouver le corps de la petite Tori Stafford, des agents de la Police provinciale de l'Ontario (PPO) ont concentré leurs recherches à Guelph hier, dans un territoire qui avait déjà été fouillé mardi par une escouade canine. Ils y ont passé plus d'une heure avant de quitter l'endroit.

À travers les vitres teintées de leur fourgonnette, on devinait la silhouette d'une personne accroupie à l'arrière. Impossible de savoir si c'était Terri-Lynne McClintic, la jeune femme arrêtée mercredi. Les agents ne veulent pas dire si Mme McClintic les aide ou non dans leurs recherches.

 

Selon les policiers, la fillette de 8 ans aurait été tuée quelques heures après son enlèvement à Woodstock, situé à environ 80 kilomètres des lieux de la recherche. Selon le commissaire de la PPO, Julian Fantino, certains indices montrent que les recherches doivent se poursuivre dans Guelph.

Victoria Stafford, surnommée Tori par son entourage, avait disparu en quittant l'école le 8 avril. Depuis, des policiers ont mené une vaste enquête pour la retrouver. Ils ont reçu des centaines d'appels de citoyens qui disaient avoir aperçu l'enfant. Des citoyens comme Craig Racine qui avait des doutes sur des personnes de son voisinage.

D'ailleurs, il y a un mois, M. Racine a posé sans ménagement la question à sa voisine. «C'est toi qui a pris Tori?» La réponse a été cinglante. «Bien sûr que non», a répondu Terri-Lynne McClintic.

Pourtant, mercredi, Mme McClintic et son ami de coeur Michael Rafferty ont été arrêtés en relation avec la disparition de l'enfant. Elle a été mise en accusation pour enlèvement, tandis que Rafferty était accusé de meurtre et d'enlèvement.

La jeune femme se savait surveillée et s'inquiétait qu'on puisse la reconnaître. Elle avait coupé ses longs cheveux noirs après qu'une vidéo montrant Tori marchant avec une femme aux cheveux noirs le jour de sa disparition eut été diffusée par la police. Elle s'était également débarrassée d'un manteau blanc identique à celui que portait la femme sur la vidéo.

Craig Racine et son amie Jessica McDonald soupçonnaient tellement leur voisine de 18 ans qu'ils avaient alerté la police une semaine après la disparition de l'enfant. Par téléphone et en personne.

Terri-Lynne McClintic vivait avec sa mère, ancienne effeuilleuse, à moins d'un kilomètre de la maison de Tori. Les policiers avaient déjà visité toutes ces maisons y compris celle des McClintic. Mercredi soir, la mère de Terri-Lynne, Carol McClintic, avait été forcée de suivre les policiers. Elle leur avait proféré des injures et s'était débattue. Sa fille était déjà emprisonnée pour bris de conditions.

Pour la mère de Tori, Tara McDonald (aucun lien de parenté avec Jessica McDonald), ces arrestations ont un goût doux-amer. Depuis l'enlèvement de sa fille, Mme McDonald a dû faire face à de multiples critiques. Elle a été blâmée pour sa conduite, sa dépendance à certaines drogues, ses sorties dans les bars durant les week-ends, ses conférences de presse quotidiennes à 13h précisément. Mais, selon toute évidence, elle disait la vérité quand elle affirmait ne rien savoir de la disparition de Tori.

Craig Racine prétend que sa voisine Terri-Lynne McClintic est «un peu cinglée». Elle avait emménagé récemment dans une des trois maisons en rangée de la rue. De vieux meubles traînent toujours près de la porte. La police s'était rendue sur place fréquemment à la suite de plaintes des voisins.

Deux jours après la disparition de Tori, Jessica McDonald et sa voisine Terri-Lynne McClintic avaient distribué des feuillets avec la photo de l'enfant. «Je ne soupçonnais rien.» Mais après la divulgation de la vidéo, Mme McClintic avait changé d'attitude. «Elle était bizarre», affirme Mme McDonald. Michael Rafferty et elle s'étaient rendus à London pour se débarrasser de certains vêtements dont le manteau blanc.

Les recherches à Guelph se poursuivront aujourd'hui.