Encore une fois, c'est l'opération Printemps 2001 qui a ouvert les yeux des policiers sur l'ampleur des ramifications des membres des Hells Angels dans les milieux professionnels et d'affaires. Durant cette enquête, les policiers avaient identifié des dizaines d'entreprises appartenant à Maurice Boucher et ses acolytes des Nomads et des Rockers de Montréal.

«À ce moment, ils utilisaient la notoriété de l'organisation pour intimider et extorquer des commerçants», indique un rapport d'analyse de la Sûreté du Québec. «Aujourd'hui (en parlant de mars 2005), ils vont beaucoup plus loin, ils cherchent à s'imposer auprès de commerçants spécialisés dans certains domaines de manière à disposer d'un monopole d'envergure locale ou régionale», de poursuivre les spécialistes antimotards, en faisant justement état de ce qui se passait dans les secteurs de la construction et de «l'esthétique pour véhicules», à Repentigny et ailleurs dans Lanaudière.

 

Les agents de renseignement de la police se disaient d'autant plus inquiets qu'il était dans les plans de la majorité des Hells Angels - et plus spécialement les membres de la nouvelle génération - de se lancer en affaires un peu partout au Québec. «Dans certains cas, leur implication dans des entreprises est alléguée, alors que dans d'autres, elle s'avère confirmée et directe», notent les policiers.

Après les restaurants, les bars et les agences d'escortes, l'industrie de l'automobile était, d'après eux, la nouvelle cible de prédilection des motards affairistes. Commerces de motos, vente et location de voitures, ateliers de débosselage, remorquage, etc. sont notamment mentionnés.

«Au surplus, certains motards semblent démontrer une attirance pour le domaine de la construction, secteur intégré depuis longtemps par d'autres acteurs du crime organisé», d'avancer les experts de la police, en parlant de la mafia montréalaise et des Hells Angels les plus connus comme David Rouleau, Mario Brouillette (il est écroué depuis 2006 pour importation de cocaïne) et Normand Marvin «Casper» Ouimet, dont le nom a été maintes fois soulevé dans les enquêtes en cours sur la FTQ-Construction.

C'est ce qui explique que la GRC et la Sûreté du Québec se soient lancées dans de grandes enquêtes avec les inspecteurs du fisc, en vue de freiner l'infiltration de tous ces criminels et leurs petits réseaux de prête-noms, qui menacent la survie des entreprises légitimes en leur faisant une concurrence déloyale et, comme on l'a vu dernièrement, qui fraudent les gouvernements en éludant les taxes d'affaires et en noyautant les appels d'offres.