Sylvain Vincent a tué Yves Couture. La Couronne et la défense s'entendent là-dessus. Les jurés devront ainsi décider si Vincent a tiré «accidentellement» sur son ex-superviseur de travail, commettant un homicide involontaire coupable. Ou si l'accusé, éprouvant de la «rage» et de la «hargne» envers sa victime, a commis un meurtre prémédité.

Les plaidoiries au procès de Sylvain Vincent, accusé du meurtre prémédité d'Yves Couture, se sont déroulées, hier, au palais de justice de Saint-Jérôme. Sylvain Vincent a tué de «manière accidentelle» M. Couture, a plaidé l'avocat de l'accusé, Me François Taddeo.

Lorsque Sylvain Vincent, 46 ans, s'est rendu chez Yves Couture, le 14 août 2007, un fusil de chasse de calibre .410 chargé dans un sac, il n'avait pas l'intention de tuer. «Vous avez, quelqu'un qui veut se défouler. Il veut lui faire peur au point qu'il vende sa maison», a dit Me Taddeo aux jurés.

L'avocat de la défense a reconnu que son client éprouvait de la «frustration, même de la rage» quand il est parti de chez lui à Laval pour se diriger vers La Plaine. Cela faisait un an qu'il avait perdu son emploi de soudeur à la base militaire de Longue-Pointe. Il blâmait Yves Couture, son ex-superviseur, pour la perte de son emploi. Mais il a changé d'idée au sujet du meurtre et voulait seulement se servir de son arme de manière «dissuasive», selon la défense qui n'a pas présenté de preuve au procès.

Me Taddeo a cité des extraits de l'interrogatoire de police déposé en preuve par la Couronne pour étayer sa thèse. « M. Vincent a utilisé à plusieurs reprises l'expression "en premier, je voulais le tuer". Ça signifie qu'il s'est passé quelque chose dans sa tête ensuite », a plaidé la défense.

L'accusé a été «surpris» par la voix d'un enfant l'implorant de ne pas tuer son père, alors qu'il tenait en joue Yves Couture, 45 ans. Le fils de 5 ans de M. Couture était assis dans la voiture que la victime venait de garer dans son entrée de garage. L'accusé a aussi été «surpris» lorsque la victime s'est penchée vers lui, lui demandant de garder son calme. À ce moment-là, «M. Vincent fait un geste de recul et tire accidentellement sur M. Couture», a raconté la défense.

De son côté, la Couronne, représentée par Me Vincent Martinbeault, a plaidé que l'accusé avait prémédité son geste. «L'accusé a accompli ce qu'il désirait faire et il s'agissait de quelque chose de planifié», a dit le procureur de la Couronne. Deux semaines avant le meurtre, l'accusé a tronçonné son fusil de chasse. Le 14 août, il comptait arriver chez sa victime avant cette dernière, pour la surprendre dans son entrée de garage. Après l'avoir abattue, l'accusé a fuit les lieux du crime. «Ce n'est pas le comportement de quelqu'un qui a eu un accident», a indiqué le représentant de la poursuite.

Me Martinbeault a rappelé au jury que l'accusé avait été interrogé par la police, après deux mois de cavale. «Ayez des réserves sur les explications de l'accusé qui viennent contredire les faits objectifs (...). Il a eu 70 jours pour penser à son histoire», a souligné la Couronne.

Plusieurs proches et collègues de travail de la victime assistent au procès depuis le début. Hier, la salle d'audience était bondée. Ils étaient plus d'une quarantaine à s'être déplacés, dont la veuve de la victime, Guylaine Turcotte. Le juge Jerry Zigman donnera ses directives au jury mardi prochain, puis les jurés débuteront leurs délibérations.