«J'ai ouvert ma porte et j'ai vu une boule de feu!», raconte, secoué, Gaétan Lavoie. L'homme était aux premières loges pour contempler le violent brasier qui a complètement anéanti un immeuble à condos en construction, cette nuit sur la rue Centre, dans le quartier Pointe-Saint-Charles, à Montréal.

L'homme de 59 ans finissait son quart de travail et venait tout juste de rentrer chez lui, tout près des lieux de l'incendie. «J'écoutais la télévision avec ma conjointe. Je croyais qu'il pleuvait, mais j'entendais le son du crépitement des flammes. Je suis le premier à avoir vu le feu et j'ai aussitôt défoncé la porte de la voisine pour l'avertir», explique, la lèvre encore tremblante, M. Lavoie.

Plusieurs voisins et badauds s'agglutinaient sur le trottoir ce matin devant les décombres de l'incendie. Une odeur de calciné flottait toujours dans l'air.

Tout autour, plusieurs indices témoignaient de la violence du sinistre. L'intensité de la chaleur avait, entre autres, fait éclater ou craquer plusieurs fenêtres des bâtiments voisins, en plus de faire fondre des bannières commerciales, des stores et même le pneu de secours d'une roulotte garée de l'autre côté de la rue. «Certaines portes du bâtiment voisin n'ouvrent plus. Elles sont collées dans le cadre ou ont fondu», souligne Dany Yon, de Service d'urgence sinistre Yon.

Son équipe était sur place pour barricader et sécuriser les bâtiments endommagés.

«Il y a eu plusieurs explosions! Les quatre étages flambaient!» rapporte de son côté Nathalie Després, la conjointe de Gaétan Lavoie.

Ce dernier, à l'instar de ses voisins, est convaincu qu'une main criminelle a allumé l'incendie. «J'en ai vu des feux dans ma vie, mais jamais qui flambent aussi vite», croit M. Lavoie, un employé en rénovation.

Incapable de déterminer les causes du feu, le Service incendie de Montréal a d'ailleurs confié les rênes de l'enquête au Service de police de Montréal, qui considère le brasier comme suspect.

Au total, 125 pompiers ont combattu les flammes durant plusieurs heures cette nuit, avant de finalement venir à bout de l'incendie vers 5 h. Trois sapeurs ont subi des blessures mineures durant l'opération et une quinzaine de voisins ont été évacués. Ce matin, les employés de la clinique communautaire, voisine immédiate du bâtiment incendié, ne pouvaient toujours pas réintégrer leur lieu de travail.

L'immeuble ravagé devait abriter 13 unités de condos. Le toit en bois venait tout juste d'être terminé. Ni l'électricité ni le chauffage n'avaient encore été installés à l'intérieur. Selon le chef aux opérations du SIM, le feu est en mesure de se propager plus rapidement dans un bâtiment en construction. «Le feu se répand très rapidement, puisque les divisions ne sont pas encore faites à l'intérieur», ajoute Simon Limoges.

Debout devant les ruines, le promoteur de l'immeuble à condos, Jules Maltais, constatait les dégâts ce matin. Son projet domiciliaire est une perte totale. M. Maltais évaluait les dommages entre 400 000 et 500 000 dollars. «Dix des douze condos étaient déjà vendus et je devais les livrer à la fin de septembre ou au début d'octobre. Si on reprend les travaux rapidement, on pourrait techniquement respecter nos délais», souligne le contracteur.

Ce dernier ne croit pas que le feu qui a ravagé son immeuble soit d'origine criminelle. «Je ne peux pas voir pourquoi quelqu'un ferait ça», résume-t-il.