«À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle.» C'est dans ces termes que le juge Richard Mongeau a annoncé au jury, ce matin, qu'il mettait fin à la défense du turbulent accusé, Daniel Bédard.

«C'est la première fois dans ma carrière que je prends une telle décision», a ajouté le magistrat, avant d'ajouter qu'il en était «bouleversé.» Bédard, 50 ans, est accusé de harcèlement criminel à l'endroit de l'Ordre des ingénieurs du Québec. Il a insisté pour être jugé par un jury, et se défend seul, sans avocat.

Depuis le début de son procès, il passe son temps à crier à l'injustice, se fout des règles qui régissent un procès, s'obstine avec le juge et va même jusqu'à l'invectiver. Son comportement est tellement dérangeant, qu'hier, le magistrat a expulsé Bédard de sa salle, et l'a contraint à aller dans une autre salle d'audience pour suivre son procès à distance, par le truchement d'une télévision en circuit fermé. Quand Bédard se mettait à crier ou à s'obstiner, le juge fermait le son.

L'accusé en est à faire sa preuve en défense. Ce matin, il devait interroger le président de l'Ordre des ingénieurs du Québec, qui était d'ailleurs sur place, prêt à témoigner. Bédard prévoyait ensuite témoigner lui-même. Pour des raisons qu'on ne peut dévoiler pour le moment, le juge a décrété ce matin que c'en était fini pour la défense de Bédard. Il a avisé les jurés de revenir demain matin, pour les plaidoiries de l'accusé, et de Me Pierre Labrie, qui occupe pour la Couronne dans cette affaire.

Au terme d'évaluations psychiatriques, Bédard avait été jugé apte à subir son procès. Il se défend d'ailleurs avec véhémence de souffrir de quelque maladie mentale que ce soit.