Après s'être joué de la police pendant des années en se réfugiant en République dominicaine, le caïd Yvan Cech a été condamné à 12 ans de pénitencier pour avoir été à la tête d'un réseau lié aux Hells Angels qui a fait entrer des centaines de kilos de cocaïne dans des lingots d'aluminium.

«Il est responsable des importations de stupéfiants. Sans lui, elles ne peuvent être réalisées. Il est le cerveau, la cheville ouvrière des opérations d'importation et de distribution des stupéfiants, ainsi que de la comptabilité de son organisation», a relevé le juge Guy Cournoyer, en prononçant la sentence le 16 avril dernier. La version écrite a été rendue publique seulement hier.

 

Étant donné que l'ex-policier Richard Sanschagrin, numéro 2 du gang, a reçu une peine de 12 ans, le juge estime, en toute objectivité, que Cech aurait mérité une peine de 13 ans, comme le suggérait le ministère public. Dans son jugement, il explique avoir retranché une année parce que Cech a plaidé coupable et qu'il avait quelque peu souffert de ses droits à la suite de son arrestation en République dominicaine, le 8 mai 2006. Cech avait aussi commencé à vider son sac à la police, mais il s'est ravisé après cinq mois.

«En dépit du fait que la preuve est mince sur la nature de la collaboration, il est permis de tenir pour acquis qu'elle a été utile et que celle-ci, même infructueuse, aura un impact sur les conditions de détention future de M. Cech et sur sa famille», écrit le juge Cournoyer. En défense, Me Julio Péris avait fait valoir les mêmes arguments au moment de sa plaidoirie. En gros, il souhaitait l'imposition d'une peine de neuf ans à l'endroit de son célèbre client des Antilles.

»Le prince»

Surnommé «le prince», en République dominicaine, Cech, 65 ans, a également renoncé à quelques millions de dollars en biens qu'il possédait là-bas, dont un hôtel-casino et un condo. Ces dernières années, Cech, qui a des enfants de deux unions, passait pratiquement plus de temps dans ce pays qu'au Québec. Il allait aussi en Slovaquie, son lieu de naissance, où il a encore de la famille. Il y aurait aussi des investissements.

En raison de sa détention préventive de trois ans, et que celle-ci compte pour le double, Cech a encore six ans à purger. En raison de l'accusation de gangstérisme à laquelle il s'est reconnu coupable, il devra purger la moitié de sa peine avant d'être admissible à une libération conditionnelle.