Il peut nier, plaider l'ignorance ou banaliser ses actes, reste que celui qui télécharge des mégaoctets de pornographie juvénile est, au mieux, un délinquant ou, plus probablement, un pédophile. «Ou encore un sadique. Et je ne sais pas ce qui est le mieux!»

Patrick Blachère, psychiatre expert judiciaire français, analyse le contenu d'ordinateurs de gens trouvés en possession d'images pédophiles. Ces internautes, constate-t-il, nient bien souvent leur penchant. «Ils ne diront pas qu'ils sont pédophiles, mais ils le sont», a-t-il expliqué hier lors du 5e Congrès international francophone sur l'agression sexuelle, qui se tient cette semaine à Montréal.

 

Certains téléchargeront ces images par curiosité. «On peut être fasciné par ces images, comme on peut l'être quand on voit quelque chose d'horrible, comme un accident.» D'autres, en téléchargeant de la pornographie pour adulte, se retrouveront avec des fichiers douteux, comme des filles prépubères.

Par contre, ceux qui retourneront sur ces sites savent ce qu'ils font. Alain Merguy, également psychiatre, ajoute que ceux qui conservent ces images le font aussi par une sorte de fétichisme. «Elles deviennent des objets de collection.»

La nature de ces images peut en révéler davantage sur la déviance de l'internaute. «Il faut aussi savoir quelles sont les images téléchargées. S'agit-il de bébés, d'enfants ou d'adolescents», dit M. Blachère. Des scènes de torture ou d'humiliation, des images de zoophilie ou de scatophilie peuvent aussi signaler un penchant sadique à ne pas négliger, estiment les experts.

Mais un cyberpédophile passera-t-il nécessairement à l'acte avec de vrais enfants? Pas si sûr, a observé Pierre Filliard, substitut du procureur au Tribunal de grande instance d'Annecy. «Sur 70 dossiers de téléchargement d'images pédophiles, j'ai deux ou trois cas de gens qui sont aussi passés à l'acte.»

Les cyberpédophiles se défendront d'ailleurs ainsi, dit M. Filliard: «Moi, j'ai rien fait de mal.» «Ils ne pensent pas que derrière ces images, il y a un véritable enfant qui existe, qui a été exploité.» En thérapie, les psychiatres emmènent d'ailleurs l'internaute à ressentir de l'empathie pour cet enfant, qu'ils ont aussi contribué à exploiter.