Sylvain Vincent, accusé du meurtre prémédité d'Yves Couture, a enregistré son testament sur vidéo la veille du crime, vidéo dans laquelle il demande pardon à sa mère pour ce qu'il s'apprête à faire.

Le lendemain, Sylvain Vincent aurait tué avec un fusil de chasse de calibre .410 son ex-superviseur, Yves Couture, devant la maison de ce dernier à La Plaine, au nord de Montréal. M. Couture était le superviseur d'une équipe de soudeurs dont faisait partie M. Vincent à la base militaire de Longue-Pointe. Le meurtre est survenu sous les yeux du fils de 5 ans de la victime. M. Vincent, 46 ans, a plaidé non coupable à l'accusation de meurtre prémédité, accusation la plus grave du Code criminel.

Les jurés ont visionné le court testament d'une durée de 2 minutes 35 secondes en fin de journée vendredi. Cela a clos la preuve de la Couronne. Puis, à la surprise générale, la défense a annoncé qu'elle n'aurait aucun témoin à faire entendre.

Ce procès devant jury qui devait durer trois semaines sera donc écourté. Après avoir éclairci plusieurs questions de droit aujourd'hui, le juge Jerry Zigman de la Cour supérieure a ordonné que les plaidoiries commencent jeudi.

Dans son testament, l'accusé ne parle pas spécifiquement de meurtre. «Salut môman, ce message-là est pour toi. Pardonne-moi pour ce que je vais faire. Je t'aime gros pis je ne veux pas que tu t'en veuilles», dit M. Vincent, les traits tirés, le regard fixé vers l'objectif.

C'est d'ailleurs la mère de 70 ans de l'accusé qui retrouvera la vidéo enregistrée dans une caméra photo numérique en faisant le ménage de l'appartement de son fils, un mois après le meurtre. Le drame est survenu le 14 août 2007. Au moment où la mère remet la caméra à la Sûreté du Québec, Sylvain Vincent est toujours cavale. Il se rendra à la police le 23 octobre 2007.

Dans son testament, l'accusé résume ainsi son état d'esprit : « Je suis rendu quasiment à 45 ans pis j'ai pu rien (...) La perte de mon emploi pis tout ce qui est arrivé à la base. Ça m'a démoli ». L'accusé a décidé de tuer Yves Couture, 45 ans, pour se venger de la perte de son emploi de soudeur, selon la thèse de la Couronne.

Lors d'un interrogatoire de police - présenté en preuve plus tôt dans le procès - l'accusé a admis avoir tiré un coup de feu en direction du père de famille. Mais il a évoqué la thèse de l'accident. Au moment où il tenait Yves Couture en joue, ce dernier se serait penché vers lui et aurait ainsi accroché le canon de son arme. C'est là que le coup serait parti, selon les explications données par l'accusé aux policiers.

Sylvain Vincent a eu du mal à retenir ses larmes lors de l'enregistrement de la vidéo. Dans son testament, il parle avec nostalgie d'une ex-copine «qu'il voulait laisser vivre tranquille sa nouvelle vie». Puis il annonce à sa mère qu'il lui lègue ses REER. L'accusé conclut en demandant à nouveau à sa mère de lui pardonner.