blank_pageUn incendie majeur a ravagé plusieurs logements de la rue Saint-Denis, tôt hier matin, un sinistre qui pourrait être d'origine criminelle.

blank_pageL'incendie s'est déclaré peu après 6h30 sur la terrasse arrière d'un logement situé près de la rue du Laos, au sud du boulevard Rosemont, dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Lorsqu'elle a entendu des cris dans sa ruelle, Marjolaine Cyr s'est réveillée d'un coup sec. «Je pensais que c'étaient les petits monstres dans la cour, a-t-elle relaté. Alors, je suis sortie pour les chicaner.»

À sa surprise, ce ne sont pas des gamins, mais bien des pompiers qui hurlaient. Et déjà, ils arrosaient la façade arrière des bâtiments, une dizaine de triplex jumelés.

Marjolaine Cyr a ramassé une valise et les photos de ses petits-enfants avant de sortir en trombe. Au moment où elle s'apprêtait à franchir le seuil de sa porte, une bonbonne de barbecue a explosé à l'arrière de l'immeuble. Pour cette femme de 69 ans, qui craint les incendies comme la peste depuis sa tendre enfance, le choc a été terrible.

«Là, c'est sûr que je ne dormirai plus pendant des mois», a confié Mme Cyr.

Les flammes n'ont mis que quelques minutes avant de gagner les balcons des bâtiments voisins. Si bien que les premiers pompiers arrivés sur les lieux se sont trouvés face à un véritable mur de flammes, a expliqué le chef des opérations du Service des incendies de Montréal, Gilles Ducharme.

«L'ampleur de l'incendie à notre arrivée, c'était vraiment impressionnant à voir, a-t-il relaté. Le panache de fumée montait vers le nord et longeait la rue Saint-Denis.»

Les pompiers ont dû extirper une personne handicapée de son logement, situé au deuxième étage. Un homme de 42 ans a dû être transporté à l'hôpital après avoir subi des brûlures aux pieds. Et une pompière a été victime d'un coup de chaleur pendant les opérations.

Plus de 120 pompiers ont été mobilisés pour combattre l'incendie. Ils ont dû arroser le pâté de maisons de tous les angles pour empêcher les flammes de se propager encore davantage. Vers 8h, l'incendie a été maîtrisé, révélant l'ampleur des dégâts.

Lors du passage de La Presse, en milieu de matinée, les balcons arrière étaient complètement calcinés. Des morceaux de tôle tordue pendaient du toit. La plupart des vitres étaient fracassées. Des rubans orangés disposés sur les lieux du sinistre avertissaient les enquêteurs que certains planchers menaçaient de céder.

Dans la cour, un sinistré circulait en vélo, vêtu d'un pyjama, appelant son animal de compagnie. D'autres regardaient les manoeuvres des pompiers, impuissants, tandis que la Croix-Rouge leur offrait de l'aide. Au total, 24 ménages ont été évacués. La moitié d'entre eux n'ont pu rentrer chez eux, leur logis étant trop endommagé.

«Quand j'ai visité, il n'y avait pas de dégât d'eau, ce ne sont que des dégâts de fumée, a expliqué Ana-Maria Monteiro, qui habite l'un des logements. Mais on est une coopérative d'habitation et quelques-uns de mes voisins ont été moins chanceux. Je me sens bien pour moi, mais moins pour mes voisins.»

Les pompiers considèrent l'incendie comme suspect, notamment à cause de la vitesse à laquelle les flammes se sont propagées. Ils ont confié le dossier au Service de police de la Ville de Montréal pour déterminer s'il s'agit d'un acte criminel.