Serge Levac, un bénévole porteur du VIH, a-t-il agressé sexuellement une femme trisomique de 47 ans comme l'affirme la Couronne, ou faut-il l'acquitter parce qu'il y a amplement place au doute raisonnable comme le soutient la défense? Le juge Patrick Healy tranchera cette question le 14 mai.

Hier, ce procès a amorcé sa phase finale avec les plaidoiries des avocats. Les faits allégués sont survenus le 2 octobre 2008, dans un grand immeuble à logements du sud-ouest de Montréal où demeurent des gens à faibles revenus ainsi que des personnes intellectuellement handicapées.

 

Sabine, nom fictif de la victime alléguée, est handicapée physiquement et mentalement. Elle était cependant en mesure de demeurer seule dans son logement, quoique sous supervision d'éducateurs. Lors du procès, Sabine a témoigné qu'en début de soirée, le 2 octobre 2008, le «fils de Mme Villeneuve», qui se trouve à être Serge Levac, est venu frapper à sa porte. Selon Sabine, Levac est entré dans son logement et l'a violée en la menaçant d'un «gun». Il a «poussé sur ses jambes» pour pouvoir la pénétrer, et lui a serré un bras très fort, a-t-elle soutenu. Il sentait l'alcool et lui faisait «chut», pour qu'elle reste silencieuse. Sabine n'a d'abord rien dit. Mais, dans la même semaine, elle en a parlé à une voisine et à un intervenant, et la police a été prévenue. Sabine affichait encore un très gros bleu à un bras.

Par ailleurs, la procureure de la Couronne Patricia Compagnone a insisté sur le fait qu'un résidant habitant juste en face de Sabine, a vu Levac frapper à la porte de cette dernière, le 2 octobre.

Contradictions

Me Pascal Lescarbeau, avocat de l'accusé, a pour sa part fait ressortir ce qu'il estime être des faiblesses et des contradictions dans les témoignages des divers témoins. Il a insisté sur le fait que Sabine n'a pas reconnu Levac dans les deux séances d'identification qui lui ont été présentées. La première séance, que Me Lescarbeau a qualifié de «généreuse» consistait à montrer quatre photos en noir et blanc d'autant d'individus. Levac était parmi eux, et Sabine ne l'a pas reconnu. Au cours de la seconde séance, Sabine a été appelé à identifier son agresseur parmi cinq hommes en chair et en os. Levac était du nombre, mais Sabine a désigné un autre individu. L'accusé n'a pas témoigné pour sa défense. Me Lescarbeau considère que les faiblesses des témoignages à charge, servent la défense de l'accusé.

Précisons enfin que la mère de Levac, connue sous le nom de Mme Villeneuve, habitait dans le même édifice que Sabine au moment des faits allégués, et c'est pourquoi Levac s'y rendait souvent. Il y aurait même habité avec sa mère un certain temps. Il sait qu'il est séropositif depuis au moins 12 ans. En janvier dernier, les policiers soupçonnaient qu'il avait fait d'autres victimes et ils avaient lancé un appel au grand public en publiant sa photo. Selon nos informations, il fait toujours l'objet d'une enquête.