La Couronne s'est attaquée à la crédibilité de Francis Proulx, mercredi, en soulevant la contradiction entre le sens de l'organisation dont il a fait preuve lors de nombreux délits et l'état de crise qu'il a invoqué pour les justifier.

Accusé du meurtre prémédité de l'attachée politique Nancy Michaud, retrouvée morte en mai dernier, Proulx a donné plusieurs réponses imprécises, ce qui lui a valu un rappel à l'ordre du juge.

Devant l'insistance de la procureure de la Couronne Annie Landreville, Proulx a même donné des signes d'impatience, lors de sa première journée de contre-interrogatoire, affirmant qu'elle était «enragée».

Me Landreville a souligné que Proulx, âgé de 29 ans, avait démontré un certain niveau d'organisation concernant les hold-up de dépanneurs qu'il a commis dans les mois précédant le meurtre de Nancy Michaud, qui travaillait pour le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard.

La procureure a relevé qu'à chaque fois il commettait ces méfaits à la nuit tombée, revêtait un habit noir et une cagoule, et effectuait un déplacement de plus d'une heure avant de trouver sa cible, jamais la même.

Me Landreville a aussi questionné l'accusé sur la notion de «crise», qu'il a décrite comme un état où il n'est pas maître de lui et qui l'a, a-t-il dit, mené à faire des hold-up, des cambriolages et un meurtre, sans savoir pourquoi.

Mais l'accusé a maintenu sa version, affirmant que malgré toutes les étapes de préparation précédant ces vols, la crise ne survenait qu'au moment où il passait à l'acte.

«La crise, c'est de le faire, a-t-il dit. Mais tout ce qui est avant, non.»

La procureure l'a questionné sur les autres vols commis dans des résidences et elle lui a fait perdre patience en insistant sur un cambriolage, durant lequel l'accusé soutient qu'il a passé deux heures à parler avec deux hamsters dans une cage qui se trouvait sur place.

A l'avocate qui tentait de savoir ce qu'il avait pu dire aux rongeurs, Proulx a lancé: «je trouve ça plus agréable de parler à deux hamsters qu'à une avocate. Ils sont moins enragés.»

Proulx a donné plusieurs réponses imprécises, mercredi, notamment lorsqu'il s'est fait demander s'il a commis d'autres vols que ceux relatés.

«C'est pas impossible», a-t-il dit.

Le juge Jacques Lévesque l'a alors rappelé à l'ordre, lui suggérant de répondre par oui ou non.

«Répondez par ce que vous savez et précisément, a-t-il dit. Et peut-être que ça va vous aider.»

Proulx a soutenu qu'il ne savait pas qu'il commettait des gestes répréhensibles en volant des plaques d'immatriculation ou en entrant par effraction dans des résidences.

«Quand je le fais, je ne me pose pas de questions», a-t-il dit.

Lors de la première partie de son contre-interrogatoire, Me Landreville a fait admettre à Proulx qu'il a éprouvé des émotions, lors de son témoignage de la semaine dernière, malgré le fait qu'il prend un médicament pour traiter un problème d'anxiété.

La procureure l'a questionné sur la raison pour laquelle il avait pleuré, jeudi dernier, en évoquant le souvenir d'un amour déçu, alors qu'il a longuement expliqué que l'Effexor qu'il utilise neutralise ses émotions.

Proulx a affirmé qu'il avait réagi ainsi parce qu'il a été surpris par la question posée à ce sujet par son avocat, Jean Desjardins.

«Je ne m'attendais pas à cette question», a-t-il dit.

La semaine dernière, Proulx avait soutenu qu'il avait cessé d'éprouver toute peine, concernant ce revers amoureux, dès l'instant où, en 2006, il a commencé à être soulagé de troubles anxieux grâce à l'Effexor.

La semaine dernière, l'avocat de Proulx a affirmé aux jurés que son client n'était pas en mesure d'apprécier la portée de ses gestes en raison de maladies mentales héréditaires et de l'utilisation de l'Effexor.

Proulx a été arrêté en mai dernier, peu après la découverte du corps de Nancy Michaud, à Rivière-Ouelle, dans le Bas-Saint-Laurent, à l'est de Québec.