Pendant que sa voiture était garée en double rue Cartier, clignotants en action et clés dans l'allumage, Shane Jimrattie était tué de 57 coups de marteau, dans un appartement du quartier Rosemont. «Les preuves démontreront que c'est Michel Côté et sa conjointe Nadège Merceus qui ont commis ce meurtre, pour ensuite découper le corps en morceaux.»

Voilà ce que la procureure de la Couronne Hélène Di Salvo a fait valoir, hier matin, lors de son discours d'ouverture au jury chargé de juger le couple, au palais de justice de Montréal. Côté, 45 ans, et Merceus, 31 ans, sont accusés du meurtre non prémédité de Shane Jimrattie et d'outrage à son cadavre. Selon les explications de Me Di Salvo, l'homme de 21 ans a été vu vivant pour la dernière fois vers 2h, le matin du 16 avril 2007. Sa soeur l'a vu quitter le domicile familial au volant de sa Honda Civic rouge. Le 17 avril, vers 9h45 du matin, la famille a déclaré la disparition du jeune homme. À peu près au même moment, la police fait remorquer une Honda Civic rouge, garée en double, rue Cartier, au sud de Rosemont. Les clés sont dans la voiture.

Avisés de cette trouvaille, les frères et soeurs de Shane Jimrattie arpentent le quartier dans la journée, collent des affiches du disparu, et posent des questions. Vers 21h30 le même soir, un des frères du disparu remarque une Caravan blanche derrière le 1820, boulevard Rosemont, tout près de l'endroit où la Honda Civic a été découverte. Trouvant cela étrange, l'homme avise le 9-1-1. Une voiture de police arrive. Les policiers vérifient la plaque et apprennent que le véhicule appartient à Michel Côté, résidant de la rue Rosemont. Ils attendent un peu, espérant le retour du conducteur. Mais celui-ci ne se présente pas.

Les policiers décident alors d'ouvrir les sacs verts qui se trouvent dans la camionnette. Horreur, ceux-ci contiennent des parties de corps humain. Les renforts sont évidemment appelés, et un périmètre de sécurité est installé. Vers 23h, les policiers apprennent qu'un homme vient de sauter d'un toit à un balcon. L'individu est vite épinglé. Il s'agit de Michel Côté. Ce dernier avoue qu'il n'était pas seul dans cette histoire. Il y avait Nadège Merceus, sa conjointe. Celle-ci a cependant réussi à passer les cordons de sécurité un peu plus tôt dans la soirée. Elle sera arrêtée plus tard.

En résumant les faits qu'elle entend démontrer pendant le procès, Me Di Salvo a indiqué qu'il y a deux scènes de crime: le logement du couple, soit l'appartement 3 du 1820, boulevard Rosemont, où Jimrattie aurait été tué, et la Caravan blanche de Michel Côté. Dans l'appartement du couple, du sang de la victime a été trouvé, même s'il y avait de toute évidence eu des efforts de nettoyage. Les 57 coups de marteau ont été portés à la tête et au cou de M. Jimrattie.

Michel Côté occupait la fonction de concierge dans l'immeuble du boulevard Rosemont, mais il était boucher de métier, a aussi indiqué Me Di Salvo. Or, selon une pathologiste qui viendra témoigner, seuls un boucher ou un chirurgien ont été en mesure de découper le cadavre avec une telle dextérité. Quel est le mobile du crime? Me Di Salvo n'en a pas soufflé mot au jury, hier.

Pour prouver sa théorie dans ce procès qui doit durer de trois à quatre semaines, la procureure entend appeler des témoins civils, des policiers et des experts. Hier, après son discours d'ouverture, ce sont des policiers spécialisés en scène de crime qui ont commencé à témoigner.

Le procès présidé par le juge André Vincent se poursuit aujourd'hui. Les deux accusés sont pour leur part défendus par quatre avocats.