Deux membres de Fathers 4 Justice, Benoît Leroux et Gilles Dumas, qui avaient perturbé la circulation pendant deux heures trente en grimpant au pont Jacques-Cartier en mai 2005, ont été déclarés coupables de méfait et complot pour commettre un méfait, ce matin, au palais de justice de Montréal.

En rendant sa décision, le juge Gilles Cadieux a signalé que la défense de «nécessité» invoquée par les deux accusés ne tenait pas la route. Les deux hommes voulaient attirer l'attention sur le combat de Fathers 4 Justice, qui affirme lutter pour le droit des pères séparés et divorcés. Déguisé en Robin, Leroux avait grimpé à la structure du pont pour déployer une banderole sur laquelle était écrit «égalité parentale».

Muni d'un système de communication, Dumas était son complice au sol. Ce dernier a aussi été déclaré coupable d'entrave, car il était sorti à deux reprises du véhicule de police où il avait été placé lors des événements. Il avait cependant vite été rattrapé. Le juge Cadieux a fait preuve d'une bien grande patience, car les accusés, qui se défendaient seuls, ont multiplié les requêtes et étiré le processus au maximum. Ce procès, qui aurait été tout simple normalement, a duré neuf jours, étalés de septembre 2008 à février 2009. Dumas, particulièrement, s'emballait à tout bout de champ, criant à l'injustice.

Et il a continué son manège, en se «laissant désirer». Mercredi, jour où le juge Cadieux devait rendre jugement, Dumas ne s'est pas présenté devant le tribunal, supposément pour des raisons de travail. Le juge a accepté de reporter la décision à ce matin. Ce matin, Dumas brillait encore par son absence. On a alors appris que Dumas n'était pas certain de venir pour le jugement. Pourquoi? «Il doit préparer quelque chose, une nouvelle surprise», a répondu Leroux.

Finalement, Dumas est venu. Mais il a tout de suite interrompu le juge, en lui disant qu'il ne pouvait le juger, qu'il contestait en Cour d'appel. Dumas a sorti son discours habituel.

«Taisez-vous, lui a ordonné le juge Cadieux, et allez vous assoir dans la première rangée.» En faisant à sa tête, Dumas est alors allé s'assoir dans la deuxième rangée. Le juge l'a ignoré et a rendu sa décision.

Dumas reviendra devant le tribunal le 5 mai pour les représentations sur la peine à lui imposer. Leroux, pour sa part, doit revenir le 21 mai.

Ce dernier, un ingénieur, aimerait obtenir une absolution inconditionnelle, car il voudrait pouvoir entrer aux États-Unis sans problème puisqu'il a un enfant dans ce pays. Le juge n'a pas fermé la porte à cette option, mais il voudrait appuyer sa décision sur des documents prouvant que Leroux aurait de la difficulté à entrer aux États-Unis s'il a un casier judiciaire. Il a conseillé à Leroux de consulter un avocat à ce sujet.