Emprisonné depuis près de trois ans pour avoir dirigé un réseau de trafiquants de marijuana en Estrie, l'ancien policier Daniel Pépin montre si peu d'intérêt à l'égard des programmes de réinsertion sociale qu'il s'est vu refuser une libération conditionnelle. «Votre comportement institutionnel ne permet pas de conclure que l'incarcération a eu un effet dissuasif», ont conclu trois commissaires.

Au cours de l'audience, Pépin, 42 ans, a tenté de les convaincre qu'il a changé et que ce sont les «circonstances de la vie» qui l'ont entraîné dans la criminalité. À l'en croire, tout a basculé en 1997 quand il a perdu son emploi de policier dans une réserve du Grand Nord québécois. Il s'était blessé, et les autorités avaient refusé de renouveler son contrat. Il s'est battu pendant des années contre la CSST, sans résultat. Il s'est «recyclé» en travaillant comme portier dans un bar.

 

C'est là, écrivent les commissaires dans leur rapport, que «vos valeurs se sont assouplies au contact de pairs peu recommandables et vous avez accepté les opportunités criminelles proposées». En compagnie d'un autre ancien policier, de Magog celui-là, Carl Thomas, arrêté en même temps que lui en 2006, Pépin tirait les ficelles d'un prolifique réseau qui expédiait de la marijuana aux États-Unis. En six mois, de janvier à juin 2006, les deux hommes en auraient exporté plus de 500 livres, d'une valeur de 1,1 million de dollars.

En 2001, Pépin avait aussi eu maille à partir avec la justice en marge de problèmes conjugaux. Appelée à intervenir, la police avait trouvé chez lui une petite quantité de cannabis. Son ancienne conjointe ne savait pas qu'il s'était lancé dans le trafic de drogue. Il a été arrêté le 21 juin 2006, avec Thomas et une trentaine de personnes, dans le cadre de l'opération Cléopâtre. Cette enquête a aussi permis d'écrouer celle que l'on appelle «la reine de Kanesatake», Sharon Simon. Celle-ci était de mèche avec les Hells Angel et la mafia italienne dans le trafic de drogue et le blanchiment d'argent.

Pépin et Thomas ont été détenus pendant un an avant de plaider coupable à des accusations liées au trafic de marijuana et au gangstérisme. Avant de capituler, les deux anciens policiers avaient tenté, avec leurs avocats, de faire déclarer illégale les conversations téléphoniques que la GRC avait captées durant l'enquête. Tout comme Thomas, Pépin a écopé de 42 mois de pénitencier.

Pépin était admissible à une libération conditionnelle parce qu'il a purgé la moitié de sa peine. En mai 2008, il a été soupçonné d'être partie à un complot pour faire entrer de la drogue en prison. Dans le cas où il aurait été libéré, il souhaitait faire des conférences dans les écoles afin de dénoncer l'usage de la drogue.