Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) craint pour la sécurité des deux policiers au coeur de l'enquête du juge Robert Sansfaçon sur la mort par balles de Fredy Villanueva en raison de plusieurs actes de violence commis par des individus reliés aux gangs de rue du secteur du poste de quartier 39, non seulement au cours de 2006, 2007 et 2008, mais également depuis la mort du jeune homme de 18 ans, en août dernier.

C'est ce que fait valoir l'inspecteur Richard Dupuis de la division du renseignement du SPVM dans une déclaration solennelle jointe à la requête qui sera débattue, la semaine prochaine, devant le juge Sansfaçon pour tenter de le convaincre d'obliger les médias à taire l'identité des policiers impliqués dans l'incident de Montréal-Nord.

Non seulement le SPVM craint pour la sécurité des deux agents, mais il redoute également qu'ils fassent l'objet de représailles et d'intimidation, font valoir les avocats.

«Il est nécessaire dans l'intérêt public, de même que pour sauvegarder la vie privée et la réputation du requérant et de la requérante que leur identité, leurs coordonnées et leur milieu de vie ne soient pas révélés et qu'aucune représentation de leur apparence physique, sous forme de photos, portraits, vidéos ou autres, ne soient divulgués auprès du public», peut-on lire dans la requête.

«Il existe un risque réel et sérieux à l'effet que leur sécurité serait compromise s'il y avait publication sous quelque forme que ce soit de l'information mentionnée», y ajoute-t-on.

Dans la déclaration assermentée accompagnant la requête, l'inspecteur Richard Dupuis assure que «tous les faits allégués sont vrais».

Il importe de noter que les deux policiers en cause n'ont plus rien à voir avec les citoyens, ayant été affectés à des tâches administratives.

Dans leur requête, les avocats des policiers soutiennent finalement que «les effets bénéfiques de la demande d'interdiction de publication sont plus importants que ses effets préjudiciables».

Du même souffle, ils évaluent que l'atteinte à la liberté de la presse serait minimale, n'empêcherait pas le public d'assister aux audiences ni les médias d'informer le public, ne nuirait pas au travail du coroner pour qui l'identité des deux protagonistes ne constitue pas un élément essentiel de son mandat.

Une fois cette requête entendue le 8 avril, l'enquête proprement dite du juge Sansfaçon s'amorcera le 25 mai.