Personnage clé de la grande «famille» Rizzuto, Giuseppe Torre a été condamné, hier, à 14 ans de pénitencier pour son implication dans des projets continus d'importation de cocaïne à l'aéroport Montréal-Trudeau. Des quatre complots ourdis entre décembre 2004 et mai 2006, l'un portait sur 218 kg de poudre blanche, un autre sur 38 kg, tandis que les deux autres ont échoué.

Fils du vieux mafioso Gaetano Torre, qui a fait sa marque au sein du clan Cotroni, Giuseppe était chargé de récupérer en douce les cargaisons de cocaïne expédiées par avion à Montréal. Ancien employé d'un sous-traitant de l'aéroport, Torre se servait de ses contacts à l'interne pour faire le boulot ou recruter des bagagistes et des employés d'entretien de compagnies comme Cara, Globe Ground et Air Canada.

 

Fidèle «soldat» du clan Arcadi, Torre, 37 ans, était associé au petit caïd Ray Kahno, en lien avec des membres de gangs de rue et autres trafiquants ayant des entrées en République dominicaine, en Haïti, en Jamaïque, au Venezuela et en Inde. En gros, Kahno commandait la drogue, tandis que Torre la faisait sortir de l'aéroport, puis entreposer avant qu'elle ne soit vendue en gros.

Divers moyens étaient utilisés pour faire entrer la drogue en catimini. Celle-ci était parfois cachée dans des valises ou dans les faux plafonds de conteneurs à bagages ou à nourriture. Les trafiquants avaient aussi corrompu une douanière qui leur fournissait des déclarations de douane estampillées à l'avance. Les précieuses cartes facilitaient le passage aux douanes des courriers de l'organisation. Torre, Kahno et leurs acolytes payaient une «taxe» au clan Arcadi pour chaque kilo de cocaïne qui passait par l'aéroport.

À l'instar de la nouvelle génération de mafieux, Torre ne cachait pas sa richesse. Sur ordre du juge Jean-Pierre Bonin, la femme de Torre a dû remettre au gouvernement le résidu net de 400 000$ provenant de la vente de sa maison de la rue de l'Amiral, à Laval. La maison a été vendue près d'un million.

Outre trois chefs d'accusation liés au trafic de drogue, Torre a plaidé coupable de gangstérisme, de recel d'argent sale et de falsification de déclarations fiscales pour les années 2001 à 2005. Étant donné qu'il est emprisonné depuis son arrestation en novembre 2006, et que ce temps est compté en double, il lui reste neuf ans et quatre mois de pénitencier à purger. Il sera admissible à une libération conditionnelle en 2013.