«Sébastien aimait la vie, maintenant il n'a plus de vie. Il ne viendra plus me demander du chocolat, lui qui adorait en manger.»«C'était notre petit bout-en-train, il était toujours de bonne humeur, il aimait agacer le monde, Sébastien aimait la vie, maintenant il n'a plus de vie!» Ce cri du coeur, c'est celui de Nicole Bousquet, la grand-maman de Sébastien Bousquet, tué lundi soir dans un accident de la route à Saint-Denis-sur-Richelieu.

La vie de l'adolescent de 17 ans a été fauchée au volant du camion Blazer de son père, dans lequel il se trouvait avec trois de ses amis.Sébastien Bousquet ne portait pas sa ceinture de sécurité. Il a été éjecté du véhicule.

Ses trois passagers, dont deux n'avaient pas non plus bouclé leur ceinture, s'en tirent avec des blessures mineures.

La vitesse et l'inexpérience du conducteur expliqueraient l'accident, survenu vers 22h15 sur la route Goddu, un chemin en gravier cahoteux perdu au milieu des champs de maïs encore gelés. Le jeune conducteur aurait perdu la maîtrise du véhicule après avoir heurté un trou dans la chaussée non éclairée et partiellement enneigée.

Après avoir fait plusieurs tonneaux, la voiture a terminé sa course dans un fossé en bordure du chemin. Le conducteur éjecté s'est retrouvé sous le véhicule.

Entre tristesse et colère

Derrière cet accident mortel impliquant des jeunes, il y a le désarroi d'une autre famille brisée.

Une de plus, puisque selon la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), les jeunes de 16 à 24 ans ont été impliqués dans 46 566 accidents de la route en 2007, dont 200 mortels.

Une autre famille déchirée entre la tristesse et la colère. «Il n'était pas attaché et on ne comprend pas ça! On lui avait pourtant répété de la porter», déplore l'oncle de Sébastien, Luc Bousquet, rencontré hier sur la ferme laitière familiale à Saint-Denis-sur-Richelieu, à un jet de pierre des lieux du drame.

M. Bousquet avait les yeux rougis par la tristesse et par une nuit blanche. Malgré le destin tragique qui vient de frapper la famille, il s'est levé à 5h hier matin avec le père et le grand-père de Sébastien pour s'occuper des vaches.

Un permis depuis deux mois

Sébastien Bousquet avait son permis depuis deux mois seulement. Il travaillait comme apprenti mécanicien avec son oncle Claude dans un garage des environs, en plus de donner un coup de main sur la ferme. «Sébastien conduisait des tracteurs depuis l'âge de 12 ans. Depuis quelques mois, il faisait de la vitesse. Quand ils sont jeunes, ils ont le pied pesant, je pense que le message ne passera jamais», dit Luc Bousquet, les dents serrées. «On est heureux que les autres ne soient pas morts», ajoute-t-il à propos des amis de son neveu. Ce dernier allait d'ailleurs reconduire l'un d'eux sur la route non éclairée lors de l'accident.

«Tout le monde sait que cette route n'est pas vraiment praticable. Il faut rouler dessus à 20 km/h, pas à 50 ou à 100!» souligne Yvon Bousquet, le grand-père de Sébastien.

La grand-mère de Sébastien était inconsolable. Nicole Bousquet a adressé ce message aux jeunes conducteurs: «Soyez prudents, écoutez vos parents qui vous disent que la vitesse tue! Une fois mort, il est trop tard», a-t-elle lancé.

Elle gardera le souvenir d'un adolescent adorable, avec qui elle a vécu des vacances de rêve l'an dernier. «On l'a amené à Tadoussac voir les baleines. C'était son premier voyage», se remémore avec le sourire la grand-maman.

Au village, l'accident a semé l'émoi. Tous les gens interrogés connaissaient ces jeunes sans histoire.

Bilan peu reluisant

Le bilan routier des jeunes est peu reluisant, à en juger par des statistiques compilées par la SAAQ et fournies par la Sûreté du Québec. Les jeunes de 16 à 24 ans détiennent 10% des permis de conduire québécois, mais sont impliqués dans 24% des collisions avec dommages corporels (avec blessés ou morts).

L'inexpérience et la témérité expliquent la plupart des accidents de voiture reliés aux jeunes. L'alcool, la drogue et le cellulaire sont aussi montrés du doigt.

Quant au port de la ceinture, la SQ ne peut qu'insister sur l'importance de la boucler. «La ceinture réduit de moitié le risque d'être blessé ou tué lors d'une collision et de 75% si la voiture est équipée d'un sac gonflable», explique la sergente Manon Gaignard, de la SQ, spécialisée en sécurité routière.

Dans 30% des collisions mortelles, le conducteur n'était pas attaché. «Chez les jeunes, c'est beaucoup une question d'attitude au volant, ce n'est pas cool, la sécurité», résume Mme Gaignard. Selon elle, la quasi-totalité des gens éjectés d'un véhicule lors d'un accident perdent la vie.

Est-ce que le port de la ceinture aurait sauvé Sébastien Bousquet?

On ne peut que spéculer sur le sujet.