Les organisateurs de la manifestation contre la brutalité policière, qui a tourné au vinaigre dimanche, souhaitent se dissocier des actes de violence commis par certains protestataires.

Dans les prochains jours, le Collectif opposé à la brutalité policière se penchera sur la pertinence d'organiser une telle marche l'an prochain.

 

Lors d'un entretien avec La Presse, la porte-parole du groupe a reconnu que les actes de violence et de vandalisme commis lors de la manifestation ont jeté une ombre sur la mission de son organisme, qui vise avant tout, dit-elle, à offrir un service d'appui aux victimes de brutalité policière ou de profilage racial.

«On est vraiment plus que conscient de l'image que ça projette. Ça nous discrédite et nous décrédibilise», a affirmé Gabrielle Potvin.

«Je ne suis pas encore prête à dire qu'on va arrêter de faire la manif l'an prochain, mais on va réfléchir à la possibilité de faire autre chose. Notre but n'est pas de convaincre tout le monde que notre cause est juste. Mais on veut que la population nous fasse suffisamment confiance pour qu'on nous contacte si on est victime d'abus.»

Quelque 220 personnes ont été arrêtées ou interpellées par les autorités policières dimanche après-midi. Des briques, des pierres et des morceaux de métal ont été lancés en direction des policiers. Selon le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), plus de 25 commerces et voitures ont également été endommagés.

Selon le Collectif opposé à la brutalité policière, les actes de vandalisme ont été commis par «une poignée d'individus» avec des «intentions qui ne correspondent pas nécessairement» à celles du Collectif.

«Le SPVM a eu pour stratégie de crier sur tous les toits que la manifestation allait être d'une extrême violence. C'était comme s'ils lançaient un message aux casseurs de venir se joindre à la manifestation», a dit Gabrielle Potvin.

Durant deux heures, les policiers ont joué au chat et à la souris avec les manifestants.

Le SPVM a d'ailleurs déploré le fait que le tracé emprunté par les manifestants n'ait pas été fourni aux autorités.

«Ce n'est pas une obligation constitutionnelle. On a utilisé notre droit. Il arrive souvent que des itinéraires ne soient pas divulgués. Les policiers voulaient que ça dégénère. On ne leur fait pas confiance. S'ils savaient par où on se dirigeait, ils auraient été là pour nous bloquer.»

Elle ajoute que la manifestation devait se terminer au parc La Fontaine, mais que ce sont les policiers, en divisant la foule en trois, qui ont forcé certains manifestants vers le centre-ville, lieu où la casse est beaucoup plus susceptible de se produire.

«Au début de la manifestation, nous avons tout de suite lancé un appel au calme. Nous avons dit et répété à plusieurs reprises que le Collectif n'encourageait pas la violence ni la destruction de propriété. Notre travail n'a rien à voir avec la casse.»