L'homme d'affaires Peter Sergakis a beau multiplier les précautions pour éloigner les mineurs de son bar de danseuses nues Les Amazones, dans l'ouest de Montréal, il s'en trouve toujours pour déjouer les portiers. Outre une jeune fugueuse de 14 ans qui y a travaillé en 2006, la police a découvert l'an dernier sept clients n'ayant pas l'âge de se trouver dans ce type d'établissement.

Conscient de la gravité de la situation, et surtout de la sévère sanction qui l'attend s'il est reconnu coupable, le tenancier de 62 ans s'est défendu avec énergie, hier, devant la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJQ). Il paraissait d'autant plus mal à l'aise de se retrouver devant ce tribunal qu'il est également président de l'Union des tenanciers de bars du Québec.

 

À l'instar des jeunes gens de 16 et 17 ans interpellés sur les lieux, la jeune danseuse nue de 14 ans avait été embauchée en présentant de faux papiers d'identité. «C'est clair qu'on s'est fait avoir. Elle a elle-même admis avoir fait un seul quart de travail. En tout et pour tout, elle a peut-être travaillé 1h15 chez nous», a-t-il dit, le temps que son avocat dépose un article de La Presse, dans lequel l'adolescente au passé misérable relate comment elle avait trompé tout le monde sur son âge pendant près d'un an, grâce à la carte avec photo embrouillée d'une amie de 19 ans, après sa fuite d'un centre jeunesse en 2005.

Sans minimiser l'importance des quatre incidents relevés par la police, M. Sergakis estime que ce serait un leurre de croire qu'il puisse garder une fiche parfaite dans un bar aussi fréquenté que Les Amazones. «On a une capacité de 600 personnes, mais il peut en passer de 1000 à 1200 les jours les plus achalandés. Quant aux danseuses, elles peuvent être de 60 à 80 le soir. Vraiment, on ne peut pas tout contrôler», a-t-il dit. Selon lui, le va-et-vient est encore plus important depuis l'interdiction de fumer dans les bars, il y a trois ans. «C'en est rendu qu'il faut cinq portiers pour assurer un bon contrôle», a-t-il fait valoir.

Néanmoins, il assure faire tout son possible pour minimiser les accrocs: portiers à l'entrée, caméras de surveillance, fouilles, règles de conduite strictes et formation des employés. «On essaie d'éliminer la drogue et les armes. Je sais tout ce qui se passe. La police est également toujours la bienvenue chez nous», de dire Peter Sergakis, en invitant les régisseurs à bien regarder son dossier quasi sans tache, avant de sévir. Le bar Les Amazones est ouvert depuis 29 ans.

Propriétaire d'un autre établissement licencié, celui-là dans le quartier Saint-Henri, M. Sergakis sera contre-interrogé aujourd'hui par le procureur du tribunal de la Régie. Avant de clore l'audience, les régisseurs entendront un ancien gérant de l'Amazone, Raymond Nault.