Se croyant atteinte d'un cancer avec métastases en phase terminale, une femme de 47 ans a reçu l'extrême-onction et a attendu la mort à l'unité des soins palliatifs de l'hôpital Cité de la santé, à Laval. La mort n'est pas venue. Régine Pilote vient d'intenter une poursuite de 92 000$ contre les quatre médecins qui l'auraient condamnée alors qu'en réalité, elle n'avait pas de métastases.

Dans les documents déposés au palais de justice de Montréal, Mme Pilote raconte qu'elle a eu un cancer au sein droit, début 2005. Traitée pour ce cancer à l'hôpital Cité de la santé, elle a également subi, en juin de la même année, une hystérectomie destinée à améliorer ses chances de guérison. Par la suite, son état se serait stabilisé, au point où elle s'est persuadée d'avoir vaincu le cancer.

 

Entre octobre et décembre 2005, madame a subi plusieurs examens, qui n'ont pas été concluants quant à la présence de métastases. Elle a ensuite été transférée au CLSC de Sainte-Rose, où elle a consulté un médecin de famille. En mars 2006, celui-ci aurait rempli une demande d'hospitalisation pour Mme Pilote à la Cité de la santé, en raison d'un diagnostic de «cancer métastatique terminal». Cette demande était accompagnée d'une note signalant que «la réanimation cardiorespiratoire n'est pas indiquée. La situation a été discutée avec Mme Régine Pilote.»

La plaignante soutient dans sa poursuite qu'aucune autre investigation n'a été faite au sujet des métastases. Selon son récit, le 12 mars 2006, elle a été admise à la Cité de la santé. Une omnipraticienne lui a prescrit une consultation en oncologie, qui a été annulée le lendemain par une hémato-oncologue. Celle-ci a plutôt fait transférer la patiente vers l'unité des soins palliatifs.

Trois jours plus tard, soit le 16 mars, Mme Pilote a reçu l'extrême-onction. Convaincue de son décès imminent, elle a planifié ses arrangements funéraires, ainsi que le don de ses organes.

Mme Pilote a passé deux mois aux soins palliatifs. Le 11 mai, un médecin a rempli une attestation de maladie terminale, et elle a obtenu son congé de l'hôpital. Mme Pilote précise que pendant toute la durée de son hospitalisation, elle a reçu une très forte médication comportant plusieurs effets secondaires.

Le 10 juin 2006, elle a été réadmise aux soins palliatifs de la Cité de la santé. Mais un doute a commencé à s'installer. Dans les jours suivants, Mme Pilote a subi des tests qui n'ont pas montré la présence de métastases. Le 19 juin, elle a appris qu'elle n'avait effectivement pas de métastases, et a obtenu son congé de l'hôpital à la fin du mois. En avril 2007, un autre test a confirmé l'absence de métastases.

Mme Pilote affirme avoir beaucoup souffert psychologiquement et physiquement de ce «faux diagnostic», dû, selon elle, à la négligence de quatre médecins qui se sont penchés sur son cas à cette époque. Elle a intenté sa poursuite en son nom ainsi qu'aux noms de son fils et de sa soeur, qui ont souffert aussi de cette erreur, signale-t-elle. Ironie de la vie, le conjoint de Mme Pilote, qui était à son chevet quand elle se trouvait aux soins palliatifs, est mort en janvier 2008.