Pour avoir ligoté des patientes et fait des gestes douteux à leur égard, le Dr Elliot Rappaport avait été radié pour quatre mois par son comité de discipline, en 1995. Ces gestes, faits dans les années 80 et 90 au cours de pseudothérapies, lui valent maintenant des accusations criminelles.

M. Rappaport, 54 ans, vient d'être accusé au palais de justice de Montréal de séquestration et agressions sexuelles à l'égard de deux de ses anciennes patientes. Les faits se seraient produits en 1985 pour l'une et, en 1990, pour l'autre, dans le cadre de consultations.

 

M. Rappaport, un omnipraticien qui pratiquait à la Clinique Saint-Henri, a démissionné du Collège des médecins le 5 août 2002, et ne pratique plus depuis ce temps, selon les informations obtenues auprès du Collège. Hier, M. Rappaport ne s'est pas présenté au palais de justice pour sa comparution. Il a plutôt choisi de se faire représenter par son avocat, Me Gérald La Haye. La suite du processus a été fixée au 27 mars.

Selon les informations obtenues, si cette affaire rebondit aujourd'hui en Cour criminelle, c'est que des incidents semblables seraient survenus en 2001 avec une autre patiente. Cette dernière aurait attendu à l'automne dernier avant de porter plainte. Cette plainte aurait réactivé le dossier et d'ex-patientes se sont manifestées. M. Rappaport ne fait cependant l'objet d'aucune autre accusation.

En 1995, devant son comité de discipline, le Dr Rappaport avait plaidé coupable à huit accusations, dont celles d'avoir administré des thérapies non conformes à la science médicale à quatre patientes, d'avoir donné une ordonnance en blanc à l'une d'elles, et d'avoir investi dans une entreprise appartenant à des patients, mettant ainsi en péril son indépendance professionnelle.

En ce qui concerne les thérapies non conformes, elles se déroulaient dans le bureau du médecin, en sa présence. Pour des problèmes de dépression, d'embonpoint ou de cellulite, il a fait dénuder des patientes en tout ou en partie, et leur a lié les mains et les pieds avec une corde. Dans certains cas, elles avaient les yeux et la bouche bandés également. Elles devaient ensuite se débattre avec force. Selon le raisonnement du Dr Rappaport, cette «thérapie» permettait aux patientes de sentir leurs émotions, de relâcher de l'énergie et de se libérer de certaines barrières. Les vêtements étaient des barrières qu'il fallait faire tomber, disait-il. Le fait de se débattre et de se libérer de ses liens pouvait signifier que la patiente était forte, donc capable de se libérer de toutes ses insécurités et, le cas échéant, de son agressivité envers les hommes! Pour la patiente qui souffrait de cellulite, ces exercices allaient supposément «renforcer la structure des tissus corporels». Il est à noter que le médecin avait aussi fait des attouchements douteux pendant ces séances.

«L'attitude de l'intimé ne démontre pas le professionnalisme dont on doit s'attendre d'un médecin, avait signalé le comité de discipline en rendant sentence. Il avait ajouté qu'il «est difficile de croire qu'il n'a pas créé cette forme de thérapie pour satisfaire certains fantasmes personnels».

Outre la radiation temporaire, le médecin avait été condamné à payer une amende de 1600$. Il avait recommencé à pratiquer la médecine après sa radiation. En 1999, il avait été poursuivi au civil par un patient, qui s'était erronément fait dire qu'il était porteur du VIH. L'erreur n'avait été découverte que trois ans plus tard. D'autres médecins étaient aussi poursuivis. La poursuite s'est finalement réglée avant le procès.