«On se demande parfois si la vie a un sens... puis on rencontre des êtres qui donnent un sens à la vie. Tu resteras toujours parmi nous.»

C'est par ces quelques lignes chargées d'émotion que la famille de Marie-Josée Fortin a rendu un dernier hommage, hier, à cette skieuse montréalaise morte d'hypothermie la semaine dernière en Colombie-Britannique.

 

Ces mots étaient imprimés en délicates lettres blanches sur de petits signets plastifiés distribués à l'entrée du salon funéraire, où des dizaines de personnes étaient venues lui dire au revoir.

Juste au-dessus du texte était reproduite une photo de la disparue, radieuse, le sourire franc, le teint bronzé, les yeux lumineux. «C'était elle, ça. Une femme toujours très positive, toujours souriante, extrêmement généreuse... Une excellente mère de famille», a décrit Caroline Magiola, une amie de longue date. Dominique Harvey, un parent, raconte qu'elle était toujours de bonne humeur, très douce et tendre avec ses deux enfants, âgés de 17 et 19 ans.

En fin d'après-midi, le petit salon était bondé. Assis non loin du cercueil clair de sa femme, Gilles Blackburn a reçu les encouragements, les sourires, les embrassades et les poignées de mains des amis, collègues et partenaires de ski. Aucune cérémonie n'a été prévue, mais Gilles Blackburn devait lire en soirée, au cours d'une réunion familiale privée, un texte qu'il a écrit pour sa compagne.

Au sortir du salon, plusieurs visiteurs ont insisté sur la force de caractère et le courage de M. Blackburn. «Il a plutôt bonne mine. C'est important qu'il soit fort pour ses enfants, ils ont encore un deuil difficile à traverser», croit Giovanni Cianciulli, un collègue. «Ils essaient de reprendre une vie normale, ils ont recommencé à skier», a renchéri l'un des nombreux adolescents venus offrir leur soutien aux enfants du couple.

Les réactions oscillaient souvent entre la tristesse, l'incompréhension et une certaine colère. Marie-Josée Fortin, 42 ans, et Gilles Blackburn, 51 ans, se sont égarés le 15 février dernier après avoir emprunté des sentiers non balisés au centre de ski Kicking Horse, près de la municipalité de Golden, dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique. Ils n'ont été retrouvés que neuf jours plus tard, le 24 février, alors que la Gendarmerie royale du Canada avait été informée qu'un signal de détresse avait été aperçu sur le flanc d'une montagne trois jours auparavant.

«Cette histoire est d'autant plus troublante qu'il semble y avoir eu beaucoup de négligence des équipes de secours», a lancé Pauline Néron, parente de la victime. «La GRC aurait dû lancer les recherches bien plus tôt, dès qu'elle a été informée qu'un premier S.O.S. avait été découvert. Cela aurait pu sauver Marie-Josée. C'était des gens très débrouillards, ils ont tenu longtemps dans des conditions extrêmes», a aussi relevé, hier, Arthur Bourbeau, un ami du couple, avec qui il avait l'habitude de skier régulièrement dans les Cantons-de-l'Est.

La GRC a déjà fait son mea-culpa et annoncé la tenue d'une enquête indépendante. «On leur pardonne, mais on espère que des leçons seront tirées de cet événement pour qu'il ne se reproduise plus jamais», a insisté Lorraine Lamequin, une amie de la famille.

Pendant ce rassemblement qui avait lieu à Montréal, hier, à des milliers de kilomètres de là, le centre Kicking Horse était à nouveau secoué par un drame. Samedi, deux skieurs ont été emportés par une avalanche pendant qu'ils dévalaient une piste balisée mais fermée en raison du risque élevé d'avalanche. Deux amis des victimes, témoins du drame, ont immédiatement alerté les secours. Cette fois, les skieurs ont été retrouvés par des chiens pisteurs en moins d'une demi-heure. Trop tard, néanmoins.

L'âge et l'identité de ces victimes n'ont pas encore été dévoilés, mais la Gendarmerie royale a précisé hier qu'elles étaient originaires de Calgary. Vingt personnes ont perdu la vie depuis le début de l'hiver dans les Rocheuses.

- Avec La Presse Canadienne