Ça ne tourne pas rond au poste de la Sûreté du Québec à Sept-Îles. Le directeur du poste, deux sous-officiers et deux agents font l'objet d'une enquête dans une affaire d'armes à feu. Un autre agent est accusé d'abus de confiance, de vol et de fraude. Et un lieutenant se dit victime de représailles: après avoir dénoncé le fonctionnement chaotique du poste, il a été accusé de menaces de mort contre son supérieur.

Suspendus depuis un an, cinq policiers du poste de la Sûreté du Québec de Sept-Îles, dont le directeur, font l'objet d'une enquête criminelle pour avoir présumément fait disparaître des armes à feu qui leur avaient été confiées par des citoyens, a appris La Presse.

 

Suivant les modalités de la loi, des citoyens qui ne voulaient pas enregistrer leurs armes les apportaient au poste pour s'en débarrasser. Les policiers suspendus sont soupçonnés de les avoir gardées avec eux ou de les avoir remises en circulation, plutôt que de les avoir envoyées à Montréal pour destruction.

Le directeur des postes de Sept-Îles et de Port-Cartier, le capitaine Renaud Ringuette, un sous-officier et deux agents sont suspendus avec plein salaire depuis un an. Un autre sous-officier a été affecté à des tâches administratives.

«Cinq policiers de Sept-Îles font l'objet d'une enquête criminelle relativement à la Loi sur l'enregistrement des armes à feu, a dit l'inspecteur Michel Martin, responsable des relations avec les médias à la SQ. L'été dernier, leur dossier a été soumis à un substitut du procureur, qui doit décider si des accusations seront portées. Le substitut a demandé un complément d'enquête.»

M. Martin a refusé de confirmer les noms des policiers suspendus que La Presse a obtenus. Joint chez lui hier, le capitaine Renaud Ringuette a admis qu'il était suspendu. Est-il possible que des armes aient été revendues, par exemple dans des communautés autochtones de la Côte-Nord? lui a-t-on demandé. «Je ne suis pas disposé à faire de commentaires, mais cette information est fausse», a-t-il dit.

Tout ne tourne pas rond dans le poste de Sept-Îles, qui compte une quarantaine d'agents. Un sixième policier, Jacquelin Beaudin, est suspendu avec demi-salaire depuis trois ans, a indiqué l'inspecteur Michel Martin. Des accusations de fraude, de vol et d'abus de confiance ont été portées contre lui: la date de son procès devrait être fixée vendredi. Selon la plainte, M. Beaudin aurait empoché une partie des amendes versées par des citoyens à la suite de constats d'infraction, par exemple pour excès de vitesse.

Après avoir arrêté des citoyens qui avaient accumulé des constats d'infraction, et qui pouvaient devoir quelques centaines de dollars, le policier aurait collecté l'argent mais, selon la plainte, il le gardait régulièrement pour lui. Son procès se déroulera à Québec.

Un septième policier du poste de Sept-Îles, le lieutenant Raymond Neveu, est lui aussi suspendu avec demi-salaire depuis mai dernier, a indiqué l'inspecteur Michel Martin. Il est accusé d'avoir proféré des menaces de mort ou de lésions corporelles à l'endroit d'un supérieur hiérarchique. Le 6 avril, il connaîtra la date de son procès, qui se tiendra devant juge et jury, à Sept-Îles.

Son avocat, Me Michel Savard, est convaincu que les accusations contre son client ne tiendront pas la route. Selon lui, tout porte à croire que M. Neveu est victime de représailles parce que, justement, il a dénoncé le fonctionnement chaotique du poste de la SQ à Sept-Îles depuis 2005 (voir autre texte).

L'inspecteur Michel Martin, responsable des relations avec les médias, n'a voulu commenter aucune des enquêtes en cours. «C'est clair qu'il y avait des choses qui ne marchaient pas à Sept-Îles, a-t-il dit. Mais il est important de rassurer la population. La Sûreté, au moment où elle a été informée que quelque chose ne fonctionnait pas, a déclenché des enquêtes. Aussitôt qu'une règle n'est pas respectée, ce n'est pas toléré.»

Le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, n'a pas voulu faire de commentaires, hier, sur les problèmes qui affligent le poste de la SQ à Sept-Îles. Quant au maire de la ville, Ghyslain Lévesque, il n'a pas répondu à nos appels.