Rita Katz, l'experte américaine en contre-terrorisme retenue par la Couronne dans le procès de Saïd Namouh, s'est déjà considérée comme plus savante que le FBI en matière de terrorisme.

«Avez-vous déjà dit que le FBI ne possédait pas un millième de vos connaissances en terrorisme?» a demandé Me René Duval, hier, alors qu'il contre-interrogeait Mme Katz. «Oui, je l'ai dit. C'était dans mon livre», a répondu avec aplomb la femme de 45 ans. Ce livre, Terrorist Hunter, elle l'a écrit en 2003 de façon anonyme, pour des motifs de sécurité, dit-elle. Mais elle est sortie de l'ombre rapidement, pour combattre une poursuite déposée contre elle après la parution de ce bouquin. Me Duval s'est d'ailleurs employé à faire ressortir que Mme Katz, directrice du SITE Intelligence Group, avait été poursuivie aux États-Unis, et qu'elle était controversée. Michael Scheuer, alors qu'il dirigeait l'unité Ben Laden de la CIA, en 2006, a dit qu'elle exagérait la menace terroriste.

 

«C'est son opinion. On est dans un pays libre», a-t-elle répliqué, hier.

Dans le cas qui nous occupe, Namouh fait face à quatre accusations reliées au terrorisme. Il s'agit presque essentiellement de preuves recueillies dans ses ordinateurs, des écrits, des films et des conversations qui le relient au Global Islamic Media Front. Namouh admet d'ailleurs être l'auteur de ces écrits. Selon Mme Katz, le GIMF est une branche médiatique d'Al-Qaeda, chargée de promouvoir le jihad, de recruter des membres et des fonds. Ayant analysé la preuve retenue contre Namouh, Mme Katz en déduit qu'il était un membre très actif, et le plus zélé. Les accusations visent la période comprise entre septembre 2006 et 2007, alors qu'il résidait à Maskinongé.

En ce qui concerne Mme Katz, elle est née en 1963 en Irak, dans une famille juive aisée. Soupçonné par le régime de Saddam Hussein d'être un espion israélien, son père a été pendu en 1969. Deux ans plus tard, Mme Katz, sa mère, son frère et un oncle fuyaient en Israël. Elle a fait des études en histoire du Moyen-Orient et de l'Afrique.

En 1997, elle est allée s'établir aux États-Unis avec son mari, un médecin. Cherchant du travail, elle a répondu à une annonce pour faire de la recherche sur le Moyen-Orient. En 2002, elle cofondait SITE (Search for International Terrorist Entities). Il s'agit d'une entreprise privée à but lucratif, qui observe l'évolution du terrorisme sur l'internet. Selon Mme Katz, les clients de SITE sont des gouvernements et des entreprises privées. Le contre-interrogatoire se poursuit aujourd'hui.