Saïd Namouh était le membre le plus dévoué du Global Islamic Media Front (GMIF). En plus de faire le travail de téléchargement et de diffusion propre à sa brigade, il s'investissait dans d'autres brigades, comme la traduction et l'archivage.

C'est ce que Rita Katz a fait valoir, hier, alors qu'elle poursuivait son témoignage au procès de Namouh, accusé de complot à l'explosif et participation à des activités terroristes. Mme Katz dirige le Site Intelligence Group, un organisme privé établi aux États-Unis, qui s'intéresse au terrorisme, notamment à sa propagande sur le Net.

 

À la demande de la GRC, Mme Katz a analysé la preuve retenue contre Namouh, qui est constituée presque essentiellement de matériel informatique créé entre septembre 2006 et septembre 2007. Ce Marocain d'origine, qui résidait alors à Maskinongé dans la région de Trois-Rivières, se présentait sous le nom d'Ash-raf quand il communiquait avec des membres du GIMF, qui fait la promotion du terrorisme et d'Al-Qaeda.

C'est Ashraf qui a créé les liens pour diffuser une vidéo de menaces contre l'Autriche et l'Allemagne, en mars 2007, selon Mme Katz. Ironiquement, c'est cette vidéo qui a déclenché l'enquête internationale ayant mené à son arrestation.

Mme Katz se souvient très bien de cette vidéo, car tous les membres du GIMF étaient sur le qui-vive, dit-elle. Comme elle les espionne sur le Net, elle aussi était au courant. La vidéo est sortie le 10 mars. Deux jours avant, Ashraf avait diffusé 56 liens pour cette vidéo. «Aucun autre membre n'a diffusé de liens pour ça», a-t-elle expliqué.

Jihad Academy mis en preuve

Hier matin, le tribunal a visionné un autre film, celui-là truffé d'attaques contre des soldats américains. Pied de nez à l'Amérique, le Global Islamic Media Front a intitulé ce film Jihad Academy. Namouh n'a pas créé ce film, mais il aurait transmis des liens pour le rendre accessible.

Le film de 25 minutes montre des images réelles, crues, révoltantes. Manifestement pour exciter la fibre islamiste de ceux qui voudraient se joindre au combat. On y voit un jeune homme se préparer à mourir en martyr. Il fait ses prières. Le voilà qui salue de la main, avant de partir au volant de la voiture dans laquelle il va se faire exploser. Il roule. Croise des voitures. Continue de rouler. Boum! Boule de feu et débris projetés en tous sens. «L'opération a fait 14 morts chez les soldats américains», mentionne-t-on dans le film, en glorifiant Allah, et en rendant hommage au martyr.

Ailleurs, un cadavre calciné, celui d'un Américain de toute évidence, est attaché à l'arrière d'une voiture et traîné dans les rues. Le ramassis de vidéos qui compose ce film est accompagné de chants coraniques.

La Couronne a mis ce film en preuve pour démontrer que le GIMF est l'organe médiatique d'organisations terroristes, notamment l'Armée de l'Islam.

Le procès se poursuit aujourd'hui, au palais de justice de Montréal.