Le chef des Syndicate, Gregory Wooley, s'est vanté auprès de ses acolytes d'avoir réglé le conflit entre la mafia italienne et les gangs de rue de Montréal. Ce criminel proche des Hells Angels a récemment établi des contacts avec un avocat du clan italien et le chef d'un gang bleu, Emmanuel Zéphir, pour négocier la fin de la guerre.

C'est ce qu'ont découvert les policiers du projet Axe au cours de leur enquête, selon les informations obtenues par La Presse. Cette opération policière d'envergure s'est soldée par l'arrestation jeudi de 54 personnes soupçonnées de faire du trafic de stupéfiants dans trois organisations criminelles différentes. Gregory Wooley, déjà en prison, et Emmanuel Zéphir sont les plus grosses prises de l'opération.

 

Mais rien ne prouve pour l'instant que ce conflit soit bel et bien terminé, indique une source policière. «Depuis le début de ce conflit, ce sont surtout les Rouges qui s'attaquent à la mafia. Comment Wooley, en lien avec le gang adverse des Bleus, pourrait régler le problème? S'il se vante de l'avoir fait, cela peut être une stratégie pour prendre du galon chez les motards», explique cette source.

L'été dernier, la mafia avait proposé un règlement aux Rouges (Bloods) pour le partage d'un territoire de vente de drogues, mais ces derniers n'ont rien voulu savoir. Trois fusillades en deux heures dans des cafés italiens du nord de la ville et une série d'actes d'intimidation ont suivi.

Des déclarations racistes de lieutenants de Nick Rizzuto, considéré comme le chef de la mafia montréalaise, ont jeté de l'huile sur le feu. Francesco Arcadi et Rocco Sollecito ont comparé les membres des gangs de rue à des «singes», alors qu'ils étaient enregistrés à leur insu durant l'enquête Colisée. Cette opération policière avait porté un dur coup à la mafia montréalaise en novembre 2006.

Cette fois-ci, des Bleus, ennemis des Rouges, ont exigé 100 000$ à la mafia pour les «dédommager», a-t-on appris. On ne sait toutefois pas si cette somme a été versée. En guise de représailles, toujours l'automne dernier, un membre d'un gang de rue a rossé de coups un des gardes du corps d'Arcadi à la prison de Bordeaux.

«Comment Wooley aurait-il pu régler le conflit entre la mafia et les Bleus et, du même coup, le conflit plus important encore entre la mafia et le gang adverse, les Rouges?» se demande un autre observateur de la scène criminelle montréalaise.