Pour avoir mis le feu à des établissements juifs à Montréal en appelant au jihad, Omar Bulphred a écopé de sept ans de pénitencier, hier, au palais de justice de Montréal.

La juge Louise Bourdeau a ainsi entériné la suggestion commune des avocats, Me Mario Dufresne, pour la Couronne, et Me Thang Nguyen, pour la défense. Un peu plus tôt, le jeune homme de 23 ans avait offert ses excuses à la communauté juive. «J'offre mes profondes excuses à la communauté juive. Les gestes sont lâches», a-t-il dit.

 

Présenté comme le cerveau des attentats, Bulphred avait agi avec un complice, Azim Ibragimov, qui a reçu une peine de quatre ans de prison, en novembre dernier. Ils avaient frappé à trois reprises. Le 2 septembre 2006, vers minuit, Ibragimov avait lancé un cocktail Molotov sur l'école Toldos Yakov Yosef, avenue Ducharme à Outremont.

La trentaine de jeunes qui y étaient réunis pour une activité spéciale ce soir-là avaient heureusement quitté l'école une vingtaine de minutes auparavant. L'attentat a tout de même fait pas mal de dégâts matériels. Quelques jours plus tard, ils mettaient le feu à un véhicule ciblé au hasard, dans l'est de Montréal. Enfin, le 3 avril 2007, ils mettaient le feu au Centre communautaire Ben Weider. Dans ce cas précis, les dégâts ont été limités car l'accélérant n'a pas joué son rôle et n'a pas fait sauter les deux bonbonnes de propane. En commettant leurs crimes, les deux hommes avaient laissé des tracts revendiquant les attentats au nom du Jihad islamique, et appelant à la conversion à l'islam. Ils demandaient aussi la libération de leurs «frères» emprisonnés à Toronto.

Bulphred et Ibragimov avaient été arrêtés en avril 2007, au terme d'une enquête policière impliquant, entre autres, de l'écoute électronique. Au cours des conversations enregistrées à leur insu, Bulphred est apparu comme le leader dans cette histoire. Il parlait même d'offrir 500$ à Ibragimov pour qu'il commette un attentat. Hier, son avocat a fait valoir que Bulphred avait mûri depuis son arrestation, et qu'il regrettait ses gestes. Il s'est coupé la barbe, alors qu'il y tenait mordicus auparavant. Né d'un père algérien et d'une mère russe qui ne parle ni l'anglais ni le français, il aurait connu une enfance plutôt troublée. Il avait des antécédents judiciaires de voies de fait et menaces, au moment des crimes dont il est question ici. Incarcéré depuis son arrestation, Bulphred s'est vu créditer sa détention en double, hier. C'est donc une peine de 40 mois à partir d'hier qui lui a été imposée.

Cette peine, bien que sévère, n'a pas satisfait le Congrès juif canadien. Le vice-président de cet organisme pour la région du Québec trouve que Bulphred aurait mérité «huit ou neuf ans», vu que les crimes étaient motivés par la haine. Et il ne croit pas à ses excuses, survenues selon lui trop tardivement. «Il s'excuse le jour de sa sentence. Il a eu deux ans pour le faire, et il ne l'a pas fait», a-t-il dit.

 

B'NAI BRITH D'ACCORD AVEC LA SENTENCE

Les membres de l'organisation juive B'nai Brith Canada se sont dits d'accord avec la sentence de sept ans de prison imposée à Omar Bulphred, hier à Montréal. «Nous sommes satisfaits du fait que le juge ait imposé une

peine d'emprisonnement qui respecte le sérieux des crimes perpétrés, car ils auraient pu avoir des conséquences dévastatrices sur le plan humain», a souligné Allan Adel, président national de la Ligue des droits de la personne du B'nai Brith.

La Presse Canadienne