Maher Arar, cet ingénieur d'Ottawa qui a été torturé en Syrie après y avoir été illégalement envoyé par les Etats-Unis, a dit avoir été choqué la semaine dernière d'entendre son nom associé à des terroristes au cours d'une audience à la prison américaine de Guantanamo.

Par contre, il a dit jeudi ne pas être surpris que les Etats-Unis aient encore tenté de salir son nom.

«Je ne suis pas surpris car c'est arrivé bon nombre de fois», a affirmé Maher Arar, avant de prendre la parole lors d'un symposium de La Fondation pour le journalisme canadien.

S'exprimant pour la première fois depuis que son nom a été prononcé à Guantanamo, le citoyen canadien d'origine syrienne a aussi critiqué les médias pour continuer de publier ce genre d'histoires.

Un commission d'enquête au Canada a blanchi Maher Arar de tout lien avec des terroristes et il a reçu 10,5 millions $ d'Ottawa en compensations. Toutefois, les Etats-Unis refusent toujours de le blanchir des soupçons de terrorisme.

Au cours d'audiences de la commission militaire la semaine dernière à Guantanamo, un agent du FBI a témoigné que le Canadien Omar Khadr lui avait dit avoir vu Maher Arar en Afghanistan dans un repaire d'al-Qaïda en 2001.

Maher Arar soutient qu'il n'a vu Khadr qu'à la télévision et qu'il n'a jamais mis les pieds en Afghanistan.

«Je dois vous dire que pendant au moins une semaine, j'ai été en dépression profonde. Ce n'est pas facile», a affirmé Maher Arar.

Les déclarations d'Omar Khadr à l'agent du FBI auraient été faites au cours du premier d'une série d'interrogatoires à Bagram, en Afghanistan, en octobre 2002.

Le lendemain, très exactement, Maher Arar était arrêté à l'aéroport à New York alors qu'il s'apprêtait à retourner au Canada après un voyage en Algérie. Il était ensuite envoyé en Syrie où il a été torturé pendant dix mois.

Maher Arar a critiqué la couverture dont il a fait l'objet, soutenant que les journalistes s'étaient trop souvent fiés sur des informations de sources gouvernementales anonymes et sur des fuites de renseignements dommageables.

«La plupart des journalistes semblent avoir pris pour acquis que je dois avoir fait quelque chose de mal pour mériter cela», a-t-il déclaré.

Maher Arar a dit croire que les journalistes ne devraient pas protéger l'identité des sources qui mentent ou qui fournissent des informations trompeuses.