Dans la foulée du 11 septembre 2001, alors que les États-Unis accusaient le Canada d'être une «passoire» pour les terroristes potentiels, la Régie d'assurance maladie avait fait chou blanc après avoir enquêté sur ses propres systèmes de sécurité dans la délivrance des cartes-soleil.

À l'époque des attentats de Madrid, un quotidien marocain avait révélé que le groupe d'islamistes en cause disposait d'une «cellule dormante» au Canada.

 

Instrument important pour l'obtention d'un passeport canadien, la carte-soleil est depuis des années objet de convoitise pour les ressortissants étrangers qui veulent obtenir leur citoyenneté. Or, les contrôles qui président toujours à la délivrance de cette preuve de résidence sont bien sommaires par rapport aux avantages qu'elle procure. Normalement, ceux qui détiennent une carte-soleil sont réputés résider au Québec au moins six mois par année.

En fait, sans avoir reçu de publicité, la conséquence la plus concrète de l'enquête menée alors par l'administration du président Pierre Roy avait été le congédiement expéditif d'un enquêteur chevronné de la RAMQ, soupçonné, à tort, d'avoir informé La Presse de l'existence d'une «filière marocaine», d'un réseau susceptible d'obtenir frauduleusement des cartes d'assurance maladie. La RAMQ avait été forcée de revenir sur sa décision et de transformer ce congédiement en mise à la retraite.

Curieusement, fraîchement élu, le gouvernement Charest avait permis à la RAMQ d'enquêter sur elle-même. Le responsable de l'enquête était en fait le secrétaire de l'organisme, Me André-Gaétan Corneau.

Cette investigation avait été commandée à l'époque par le ministre Philippe Couillard après la série de reportages de La Presse.

Pour tous les cas révélés par le journal, la RAMQ avait constaté que des gens qui ne résidaient pas au Québec détenaient des cartes illégalement. Toutefois, l'organisme avait, semble-t-il, été incapable d'aller plus loin, de trouver d'autres cas. La filière de Royal Air Maroc, révélée par le journal, avait débouché sur le rappel des cartes de 17 techniciens du transporteur et de 37 membres de leur famille.