En roulant en sens inverse sur le pont Le Gardeur avec l'accélérateur enfoncé au plancher, André Bélec a peut-être voulu se suicider, cette fameuse nuit du 15 mai 2005. Mais une chose est absolument certaine: il a conduit dangereusement.

C'est la conclusion à laquelle est arrivé le juge Claude Leblond, hier, en déclarant que Bélec, 36 ans, était coupable de conduite dangereuse ayant fait deux morts et un blessé grave. Les trois victimes, tous dans la vingtaine, se trouvaient dans la Honda Civic que Bélec a percutée de plein fouet avec sa Pontiac Sunfire. David Lapointe et David Saint-Germain sont morts sur le coup, tandis que Martin Lapointe a été très gravement blessé. Il est d'ailleurs resté handicapé.

 

Lors du procès, il a été démontré que Bélec était énervé et en colère cette nuit-là, car il avait vu son ex-conjointe flirter dans un bar. Il avait ensuite fait monter cette ex-conjointe dans sa voiture pour avoir une discussion, et avait roulé à vive allure, en freinant souvent brusquement pour la déstabiliser. Il l'avait finalement abandonnée en pleine nuit sur l'autoroute 640, pour repartir sur les chapeaux de roue. La collision fatale s'était produite peu après, alors qu'il était seul dans sa voiture.

Boîte noire

Devant le tribunal, Bélec a juré qu'il n'avait pas voulu se suicider, et a soutenu qu'il ne se rappelait pas les circonstances de l'accident. Mais la preuve technique, notamment la boîte noire de sa Sunfire, démontre qu'il roulait à très vive allure pendant les cinq secondes précédant la collision, et qu'il n'a freiné qu'à la dernière seconde, alors qu'il était bien trop tard. Sa vitesse était alors de 117 km/h. Les preuves recueillies sur les lieux permettent en outre de dire qu'il ne dormait pas et qu'il a roulé dans la voie contraire sur au moins 149 mètres avant que l'impact se produise.

Les plaidoiries sur la peine auront lieu le 25 mai prochain. D'ici là, Bélec, qui est en liberté, se soumettra à une évaluation à la demande de son avocat. Tragique ironie dans cette affaire: le policier René Tapp, qui a enquêté sur cet accident et qui a témoigné à l'enquête préliminaire, a lui-même perdu sa fille de 17 ans dans un accident de la route en juin dernier. Il était encore trop anéanti pour venir témoigner au procès de Bélec l'automne dernier. Il n'avait d'ailleurs pas repris le travail.