Incarcéré depuis près deux ans, Antoine El Moor s'est vu refuser une libération conditionnelle parce qu'il continue de jouer les caïds en prison. «Vous avez une certaine notoriété auprès de vos pairs. Vous n'avez pas à faire le lavage de vos vêtements, n'avez pas à préparer vos repas ni à faire le ménage de votre cellule. Vous dites qu'il s'agit d'échanges de services», ont souligné avec scepticisme les commissaires Martine Pierre Louis et Michel Lafrenière.

Dans leur rapport, les assesseurs de la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC) ont également noté qu'El Moor a boudé presque tous les programmes de réinsertion sociale et fait fi des règlements partout où il est passé. «Votre comportement carcéral dénote un mépris des règles et de l'autorité», ont noté les commissaires, qui soulignent diverses infractions en lien avec le tabagisme, le port de «vêtements institutionnels» et une mesure d'expulsion du Canada qui lui pend au bout du nez depuis le 12 août 2008.

Âgé de 46 ans, El Moor purge une peine de cinq ans de pénitencier depuis avril 2007 pour avoir joué les «parrains», selon l'expression même du juge qui l'a condamné, lors d'une sortie de bar nocturne dans le nord de Montréal. Arrivé de nulle part, il avait ouvert le feu et blessé deux clients lors d'un accrochage dans le stationnement du bar El Mundo, boulevard l'Acadie. À son procès, il avait tenté de faire porter le blâme à l'un de ses sbires, mais le juge Gilles Garneau ne l'avait pas cru.

Devant la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC), plusieurs de ses réponses ont soulevé l'étonnement tandis que ses projets de sortie étaient pour le moins confus. Sous le coup d'une mesure de renvoi en raison d'un casier judiciaire bien garni en crimes violents, El Moor s'est dit prêt à retourner au Liban. Comme les autorités libanaises n'ont pas répondu à ses appels, il a donc prévu s'enrôler comme mercenaire en Afghanistan, en soutien aux Formes armées canadiennes. Le problème, ont fait remarquer les commissaires, c'est qu'il lui est dorénavant interdit, sur ordre de la Cour du Québec, de posséder armes à feu, munitions et explosifs pour le reste de ses jours.