L'enquête publique sur les circonstances de la mort du jeune Fredy Villanueva lors d'une intervention policière dans un parc de Montréal-Nord commencera le 16 février, a appris La Presse.

Pour permettre au plus grand nombre possible de personnes d'y assister, l'enquête publique devrait se dérouler au centre judiciaire Gouin, selon nos informations.

 

Ce palais de justice ultramoderne et hautement sécuritaire est voisin de la prison de Bordeaux dans le quartier Ahuntsic. Ses deux salles d'audience sont beaucoup plus vastes que celles du palais de justice de Montréal. Le centre judiciaire Gouin est muni d'arches de sécurité à l'entrée. Il a été construit pour tenir les mégaprocès des motards à la suite de l'opération policière Printemps 2001.

Au Bureau du coroner chargé des communications concernant l'enquête publique, on refuse de confirmer l'information. «Un communiqué sera envoyé dans les prochains jours», a dit sa porte-parole, Anne-Marie Lessard.

Le juge de la Cour du Québec Robert Sansfaçon a été désigné pour présider cette enquête. Deux controverses ont éclaté dès l'annonce de la tenue de l'enquête au début du mois de décembre dernier.

D'abord, le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, a averti que les résultats de cette enquête ne modifieraient pas la décision de la Couronne de ne pas porter d'accusation contre le policier Jean-Loup Lapointe qui a fait feu sur le jeune Villanueva. Cela a soulevé encore plus de doutes sur la transparence de la démarche chez les groupes de pression qui réclamaient la tenue d'une enquête indépendante.

De plus, au lendemain de la nomination du juge Sansfaçon, ce dernier a dû sortir de sa réserve pour rectifier des «énormités» véhiculées dans les médias, a-t-il dit à La Presse Canadienne. Le magistrat a tenu à démentir le fait que les policiers pourraient se soustraire à l'enquête.

Le juge Sansfaçon a dit avoir une idée très claire de ce que permet la loi sur la recherche des causes et des circonstances des décès puisqu'il l'a «mis au monde». Le magistrat sera assisté par Me François Daviault, qui a lui aussi de l'expérience en la matière.

Selon le rapport d'enquête de la Sûreté du Québec sur les événements du 9 août dernier, les policiers ont aperçu un groupe d'environ six personnes, dont certains jouaient aux dés au sol dans le parc Henri-Bourassa. Ils auraient décidé de procéder à leur identification afin de leur signifier des constats d'infraction puisqu'un règlement municipal interdit les jeux de hasard dans les parcs. Le policier Jean-Loup Lapointe a aussi reconnu dans le groupe Dany Villanueva, membre d'un gang de rue. Dany, frère de Fredy, a résisté à son arrestation. Fredy, pour sa part, s'est attaqué à l'agent Lapointe. Ce dernier, craignant d'être désarmé, a tiré à quatre reprises devant lui, toujours selon le rapport d'enquête.