Après un conflit de travail de 14 mois, les 260 travailleurs de la raffinerie Petro-Canada à Montréal-Est ont massivement accepté les termes de l'entente de principe conclue entre leur syndicat et la pétrolière de Calgary pour le renouvellement de leur convention collective.

Hier soir, 94,6 % des employés en lock-out depuis novembre 2007 ont accepté les clauses de l'accord. Ces résultats ont été accueillis par des applaudissements nourris, mais l'appréhension du retour au travail était palpable chez les syndiqués.

 

«La direction de Petro-Canada a accepté les grandes lignes de nos exigences, donc on aurait pu en arriver là sans avoir de conflit», dénonce le représentant national du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP), également responsable des négociations, Daniel Cloutier. «Petro-Canada a voulu faire un coup de force. Elle a plutôt rompu le lien de confiance avec ses employés. Ça va prendre des mois, voire des années avant d'éliminer la rancoeur des travailleurs.»

«Un conflit d'un mois ou deux, ça laisse des traces; 14 mois, ça laisse des cicatrices», ajoute Gérald Dufresne, technicien de procédés chimiques à la raffinerie depuis 17 ans. «On rentre la tête haute, mais les 14 mois ont créé une amertume incroyable.»

Augmentations salariales

Selon Daniel Cloutier, les travailleurs de Petro-Canada ont obtenu la parité salariale avec les employés de l'usine d'Edmonton, ce qui était leur demande principale.

Les syndiqués recevront donc une augmentation salariale rétroactive de 5 % et de 4,5 % pour les années 2007 et 2008. En 2009, la hausse sera de 4,5%. Les employés de la raffinerie ont en moyenne des salaires entre 60 000 et 82 000 $, selon le syndicat.

De plus, les nouveaux employés en période de formation ne seront plus assujettis à des renvois automatiques s'ils ne progressent pas au rythme souhaité par leurs patrons.

Le salaire du président du syndicat dans l'usine ne sera toutefois plus uniquement payé par la direction de Petro-Canada. Le SCEP devra couvrir tous les coûts qui ne sont pas rattachés aux rencontres avec la partie patronale.

David contre Goliath

«Je suis soulagé par le règlement du conflit», affirme Éric Beaulieu, un technicien de l'usine qui a comparé le conflit de travail à une lutte similaire à celle de David contre Goliath. «Savoir que tu retrouves ton travail à la veille de Noël, et dans les conditions économiques actuelles, c'est vraiment une bonne nouvelle. La seule chose que je crains, c'est l'ambiance au retour.»

L'ex-premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, a agi à titre de médiateur dans les négociations entre la pétrolière et la section locale 175 du SCEP. Un conciliateur du ministère du Travail a également été nommé pour aider à résoudre le conflit, qui se termine avec l'entente de principe conclue vendredi.

Hier soir, 222 travailleurs sur 260 se sont prévalus de leur droit de vote pour entériner cet accord.

Les employés reprendront le travail à compter du 12 janvier.