L'homme de 85 ans assassiné chez lui mardi soir à Salaberry-de-Valleyfield traînait une terrible réputation dans le voisinage.

Le corps de Sylvio Lemieux a été retrouvé avec plusieurs marques de violence. Un homme de 44 ans, vraisemblablement le colocataire de l'octogénaire, a été arrêté hier après-midi par les policiers.

Il devrait être accusé de meurtre aujourd'hui.

Selon plusieurs voisins, la victime, en dépit de son âge, se livrait à un petit trafic de drogue de son logement de la rue Hébert. «Il avait presque 86 ans et il vendait du pot et des pilules. Il chialait toujours après tout le monde», a raconté Nancy Jamison, une voisine.

Quartier mal famé

L'octogénaire, habitait son appartement depuis juin dernier, au coeur d'un quartier mal famé de la ville. Des voitures déglinguées et des débris jonchaient la cour arrière des logements un peu fades de ce secteur. Les deux quadriporteurs de la victime étaient garés devant la porte, à quelques mètres des cordons policiers.

L'octogénaire partageait son appartement avec le suspect présumé de cet homicide, dont la réputation est aussi peu reluisante. Les deux hommes sont connus des milieux policiers pour diverses infractions reliées aux stupéfiants. L'octogénaire devait même comparaître jeudi dernier pour répondre de trois chefs de possession de drogue en vue d'en faire le trafic.

Climat houleux

Selon le voisinage, le climat était houleux entre la victime et son colocataire. «Les deux se chicanaient toujours et frappaient dans les murs. La victime gueulait souvent après son coloc qui lui devait plusieurs milliers de dollars», a souligné Jeannine Corbin, qui habite avec sa fille Nancy Jamison à quelques mètres des lieux du drame.

La Sûreté du Québec, qui mène l'enquête, n'a pas été en mesure de confirmer si la victime vendait de la drogue et si les policiers intervenaient régulièrement chez elle, comme l'ont affirmé plusieurs résidants du secteur.

Ceux-ci racontent avoir goûté maintes fois à la médecine de l'octogénaire. «Au début, on l'invitait à venir prendre un café. Par la suite, il venait écouter la télévision sans permission et cognait à la porte en ordonnant: hey, fais-moi un café!», a rapporté Nancy Jamison.

Le va-et-vient dans l'appartement de la victime était vraisemblablement continu.

Mme Jamison et sa mère ne pourront oublier de sitôt la dernière fois qu'elles ont vu la victime en vie. «Il y a quelques jours, il était seulement en couche dehors, malgré le froid et la pluie. Il sacrait après tout le monde. On lui a dit d'aller se rhabiller, mais il nous a envoyé promener», a souligné Jeannine Corbin.