Un criminel membre d'un important gang de rue de Montréal, Jean-Yves Brutus, a épuisé tous ses recours. Il sera expulsé ce matin vers Haïti.

Surnommé «Blaze», ce membre des Crack Down Posse, gang d'allégeance bleue, a un imposant dossier criminel. L'homme de 26 ans est sous le coup d'un ordre d'expulsion rendu en 2003 par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié (CISR). À l'époque, Immigration Canada lui avait permis de rester au pays, jugeant sa vie menacée en Haïti.

 

Ce sursis n'a pas empêché Brutus de récidiver. Sa dernière infraction remonte à février dernier, alors qu'il a été reconnu coupable d'avoir giflé, menacé de mort et volé sa conjointe. La CISR a ordonné à nouveau son renvoi la semaine dernière.

Dans une ultime tentative, son avocate, Me Marie-Hélène Giroux, a voulu faire renverser cette décision en Cour fédérale, hier. Me Giroux a invoqué le «grave danger» que M. Brutus court en Haïti. «Les criminels sont détenus de façon arbitraire sans suivi», a-t-elle dit.

De leur côté, les ministères de l'Immigration ainsi que de la Sécurité publique ont voulu démontrer, statistiques à l'appui, que ces détentions arbitraires n'existaient pas. L'ambassade du Canada en Haïti a dévoilé les statistiques les plus récentes sur les Haïtiens renvoyés du Canada.

Entre le 1er août 2007 et le 30 juillet 2008, 15 Haïtiens ont été renvoyés dont 8 avaient des dossiers criminels. Un seul a été détenu pour une période de trois jours, selon le premier secrétaire, responsable des dossiers immigration à l'ambassade du Canada en Haïti, Jean-François David. Tous les autres Haïtiens ont été incarcérés quelques heures ou pas du tout. Un dernier dossier n'a pas été répertorié. M. David s'est même engagé à accueillir M. Brutus à l'aéroport pour le remettre entre les mains des autorités haïtiennes.

Me Giroux a aussi invoqué le fait que Brutus n'avait aucune famille en Haïti. La Cour fédérale a plutôt retenu les explications du représentant de l'ambassade canadienne.

«Un ami ou un mandataire peut aussi se porter garant pour les conditions de libération», a expliqué par écrit M. David.