Alors que les cinq «hommes clés» de l'affaire attendent en prison de savoir s'ils vont obtenir un cautionnement, les inspecteurs de Revenu Québec ont procédé, hier, à une deuxième vague de perquisitions à la suite de la mise au jour, la semaine dernière, d'une imposante fraude dans le secteur de la construction. L'enquête porte sur de fausses factures totalisant 42,1 millions.

Huit entreprises avaient déjà fait l'objet de perquisitions et les enquêteurs en ont visité sept autres, hier, dans la région de Montréal. Presque toutes sont dans le domaine de la construction, a-t-on précisé dans un communiqué diffusé en fin de journée. Leurs propriétaires sont soupçonnés d'avoir caché d'importants revenus au fisc en recourant à un réseau de facturation frauduleuse présumément dirigé par Ronald Chicoine, associé de longue date de la messagerie Speedo.

 

L'opération, appelée Dorade, a démontré que le réseau a encaissé pour plus de 42,1 millions en chèques, émis par des entreprises légitimes à des compagnies bidon en échange de fausses factures de services inexistants. Le stratagème a privé les gouvernements de 5,2 millions en TPS et TVQ. C'est sans compter l'impôt des particuliers et des sociétés également éludé. Des avis de cotisation de 750 000$ ont été envoyés aux entreprises présumément fautives. Lors de la première vague, les enquêteurs ont arrêté 21 personnes et confisqué 3,2 millions en espèces ou dans des comptes bancaires.

Mis à part les cinq hommes que la Sûreté du Québec a présentés comme les principaux artisans de cette arnaque, tous les autres suspects ont été mis en liberté à la suite de leur comparution en Cour du Québec. Ils ont tous nié les faits reprochés. Restent sous les verrous l'homme d'affaires Ronald Chicoine, le comptable Serge Perrier ainsi que Michel Dubois, Normand Tremblay et Jean-François Cantin. Dans leur cas, les accusations de fraude s'accompagnent d'une accusation de gangstérisme. À l'issue de leur enquête sur mise en liberté hier, le juge Jean-Pierre Bonin a mis la cause en délibéré. Il annoncera sa décision demain.