Stéphane Gagné admet qu'il a été «menteur, voleur et inconséquent» dans sa vie criminelle. Mais depuis qu'il a retourné sa veste, en décembre 1997, il affirme dire la vérité, même s'il admet avoir gardé certains bouts pour lui lors des premiers interrogatoires de la police.

«J'ai dit la vérité, mais je n'ai pas tout dit au début», a expliqué Gagné, hier, alors qu'il était mitraillé de questions par Me Carole Beaucage, l'avocate de Paul Fontaine. Ce dernier a son procès pour le meurtre d'un gardien de prison survenu en septembre 1997. Gagné a participé à l'attentat. Hier, Me Beaucage a passé la journée à questionner Gagné sur ses antécédents judiciaires, et à décortiquer son dossier aux libérations conditionnelles. Elle a fait ressortir qu'il avait menti quand il pensait en tirer un profit, par exemple en obtenant une libération. «C'est sûr: si je leur avais dit la vérité, ils m'auraient rentré en prison», a-t-il répété à plusieurs reprises. Me Beaucage a aussi tenté de faire dire à Gagné qu'à l'époque, il avait de la rancoeur envers le système carcéral, notamment parce qu'il s'était souvent retrouvé en isolement, «dans le trou». Gagné a rétorqué que la prison et tout ce qui vient avec, «ça fait partie de la game». Son ambition à lui était de vendre de la drogue et de faire beaucoup d'argent. «Je ne voulais pas travailler, je voulais vivre du crime. Si tu veux être criminel, mais que tu veux pas faire de prison, t'es aussi bien de pas commettre de crime. Mais c'est sûr que quand ils te mettent dans le trou, t'es pas content», a-t-il lancé.

Me Beaucage a aussi reproché à Gagné d'être un violent. «J'étais violent si nécessaire. C'était pas de la violence gratuite, c'était un outil de travail pour moi. J'ai donné des volées à du monde qui me devait de l'argent. Avant les motards, j'essayais de pas fronter (avancer) de la drogue, pour pas battre du monde. Mais j'ai jamais battu mon enfant, ma femme ou ma famille.» Dans le même souffle, il a reconnu que prendre une arme et tuer du monde comme il l'a fait, c'était violent. «J'avais aucun respect. J'ai tué du monde, j'ai essayé de faire sauter des bombes. Tous les moyens pour rentrer de l'argent étaient bons.»

Le contre-interrogatoire de Gagné se poursuivra lundi. Rappelons que le témoin repenti affirme que c'est Paul Fontaine qui a tiré sur le chauffeur du fourgon cellulaire Pierre Rondeau, le matin du 8 septembre 1997. L'ordre de tuer des gardiens de prison venait du chef des Nomads, Maurice Boucher. Selon Gagné, commettre un tel crime permettait de prendre du galon dans l'organisation des motards. À ce moment-là, Fontaine était «prospect» des Nomads, tandis que Gagné gravitait dans le club-école des Rockers.