Apprenant qu'il resterait détenu jusqu'à son procès, en janvier prochain, un accusé a sorti ce qui a semblé être une lame de rasoir et s'est tailladé le cou et les poignets en pleine cour, hier matin, au palais de justice de Montréal.

«Monsieur, monsieur! Monsieur de la détention, intervenez!» s'est écrié le juge Vauclair en voyant l'accusé, Claude Saint-Charles, se couper à plusieurs reprises et se mettre à saigner dans le box des accusés. Tout le monde est resté stupéfait. L'incident est survenu dans la salle 3.02, vers 11h40, alors que le juge discutait de la prochaine date de comparution avec les avocats Pierre Garon (Couronne) et Pierre Panaccio (défense). «Moi, je ne serai pas ici, c'est sûr et certain», a lancé l'homme de 48 ans en se coupant.Sa mère de 69 ans, Jeannette Saint-Charles, qui était venue pour se porter garante de son fils s'il retrouvait la liberté, s'est écriée: «Arrête, arrête! Oh mon Dieu!» Puis elle s'est effondrée en pleurs.

Saint-Charles est accusé de conduite dangereuse ayant causé la mort. L'incident est survenu en mars 2004, à Pointe-Saint-Charles. En passant à un feu jaune, il aurait percuté une autre voiture qui, elle, a heurté à mort une jeune femme de 22 ans. Même s'il a renoncé à son enquête préliminaire, le processus judiciaire s'étire depuis quatre ans. Saint-Charles n'est de toute évidence pas facile. Il en est à son quatrième avocat.

Absent à son procès

Si le juge a décidé de détenir l'accusé, c'est qu'il ne s'est tout simplement pas présenté le 8 septembre dernier, alors que son procès devait commencer. Tout le monde était là, y compris les témoins, dont un réside à Vancouver et un autre en Angleterre. Des policiers sont allés sonner chez Saint-Charles, à Charlesbourg, pour qu'il se présente en cour. Plutôt que de les suivre, l'accusé se serait enfui par la porte de derrière. Quand il s'est finalement présenté au tribunal, le 10 septembre, son avocat, Me Claude Olivier, s'est retiré du dossier. Me Vauclair a alors remis le procès à plus tard, pour laisser le temps à l'accusé de se trouver un nouvel avocat. Saint-Charles est toutefois resté détenu dès ce moment. C'est Me Pierre Panaccio qui a finalement pris le dossier au vol et qui a tenté hier de faire libérer son client.

Saint-Charles aurait des problèmes de consommation et souffrirait de détresse psychologique. Il prend des médicaments. Incarcéré de mars à juillet dernier pour une autre affaire, il se serait plaint d'avoir été battu à la prison de Bordeaux.

Hier, après l'incident, la salle d'audience a été fermée et une équipe s'est affairée à nettoyer les lieux. On ignore encore comment ce détenu a pu déjouer la sécurité et se rendre en cour avec un objet coupant. Même s'il y avait pas mal de sang, Saint-Charles ne se serait pas blessé gravement.