Après avoir essuyé deux refus depuis 2006, Claude Giguère, membre fondateur des Hells Angels de Trois-Rivières, avait encore un «petit espoir» d'aller dans une maison de transition, mais la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC) a décidé, hier, qu'il restera écroué jusqu'à la toute fin de la peine de huit ans qui lui a été infligée à l'automne 2001.

Âgé de 47 ans, Giguère souhaitait être élargi afin de se rapprocher de ses enfants - un fils et une fille de 13 et 14 ans nés de deux unions - et leur inculquer de bonnes valeurs sociales. D'un autre côté, il tient à son allégeance aux Hells Angels. «Je vois la vie criminelle différemment et je vais faire mon examen de conscience une fois sorti», a-t-il dit aux trois commissaires qui le questionnaient sur ses projets.

 

«Comment pensez-vous leur montrer des valeurs sociales, si vous portez toujours un dossard des Hells Angels?» a demandé l'un des commissaires, en soulevant le paradoxe. «Mes enfants, je ne les emmène pas dans le club et je ne parle pas de ça avec eux. Et puis, je peux être un Hells Angels sans faire de crime», a-t-il répondu, en laissant entendre qu'il se sentait plus à l'aise de prendre sa décision une fois libéré. «Je ne me vois pas faire ça pendant que je suis en prison», de dire Giguère, qui est entouré d'un grand nombre de ses «frères», à l'Institut Leclerc, à Laval.

Vétéran du chapitre de Trois-Rivières, créé en 1991, Giguère jouait un rôle de premier plan dans l'organisation du trafic de drogue du clan trifluvien quand il a été arrêté dans la rafle anti-motard Printemps 2001. Il y avait à peine 18 mois qu'il était sorti de prison pour une affaire de complot pour meurtre mise au jour dans la foulée des délations des tueurs à gages Serge Quesnel et Michel Caron. Sauf pour la dernière année, il a été au coeur de plein de magouilles à l'intérieur des murs - trafic de drogue et contrebande de cigarettes - depuis son incarcération en 2001.

Étant donné que Giguère sera obligatoirement libéré l'an prochain, les spécialistes qui s'occupent de son dossier jugeaient préférable qu'il regagne sa liberté de façon progressive. Plutôt que de le laisser à l'établissement Leclerc, au milieu des autres Hells Angels, ils souhaitaient qu'il passe la dernière année de sa peine dans une maison de transition, sous un encadrement serré et avec des conditions strictes. La CNCL en a toutefois décidé autrement, estimant que Giguère «minimise encore son implication dans les activités criminelles», avec les risques de récidive que cela suppose.