Après un interminable processus judiciaire, Daniel Cormier, 56 ans, a été déclaré coupable hier, d'agression sexuelle à l'endroit de la fillette qu'il prétendait avoir épousée le jour de son 10e anniversaire.

Le verdict rendu par la juge Sylvie Durand n'a causé aucune surprise, tant l'issue paraissait inéluctable.

Cormier a connu la victime par l'entremise de l'Église du centre-Ville, un mouvement évangélique qu'il avait fondé au cours des années 90, et qui s'était donné pour mission d'aider les sans-abri et les paumés du centre-ville. Parmi sa poignée de fidèles, le pasteur autoproclamé comptait une jeune mère de famille qui se consumait dans la drogue et la prostitution. Il l'a aidée à sortir de la rue, et à lui faire retrouver la garde de ses deux fillettes, que la DPJ lui avait enlevées.

 

Mais Cormier s'est incrusté, aidant la femme financièrement et en gardant régulièrement ses deux filles, qui avaient 6 ans et 8 ans à ce moment, en 1997. Il est «devenu amoureux» de la plus jeune, et a commencé à la faire coucher dans son lit. Les attouchements, qui ont débuté à l'âge de 9 ans ont augmenté, allant jusqu'à la pénétration, alors que l'enfant avait 10 ou 11 ans.

Deux femmes membres de son église s'étaient inquiétées de son attitude avec la fillette. Cormier avait réagi en disant que c'est «Satan» qui leur avait mis ces idées dans la tête. Un signalement à la DPJ et une enquête policière ont finalement mené à l'arrestation de Cormier, en juin 2003. La jeune victime avait alors 14 ans, et elle se considérait vaguement comme l'épouse de Cormier, puisque c'est ce qu'il lui avait dit.

Cormier a convenu qu'il avait eu des gestes sexuels avec l'enfant, mais il invoquait son fameux mariage, célébré supposément dans sa propre église en juin 1999.

En juin dernier, la juge Durand l'a avisé que ça ne constituait pas une défense. Il n'en avait pas d'autre à offrir.

En rendant sa décision, hier, la juge a relevé le fait que Cormier s'était défendu en disant que la fillette était «très éveillée» dès l'âge de 8 ans, qu'elle était tombée amoureuse de lui à l'âge de 9 ans, et qu'il s'agissait d'une fille exceptionnelle et «extrêmement mature».

Cette victime, maintenant âgée de 19 ans, ainsi que sa mère se trouvaient dans la salle d'audience. Elles sont parties sans faire de commentaire à la fin de l'audience. Selon la procureure de la Couronne Anne-Andrée Charrette, qui a mené ce dossier pendant toutes ces années, elles étaient satisfaites du dénouement et du fait que ce soit fini.

Les plaidoiries sur la peine à imposer à Cormier auront lieu dans la semaine du 24 novembre. Celui-ci est détenu en attendant, puisqu'il a brisé ses conditions en tentant de communiquer avec la victime, en juin dernier. Notons aussi qu'il a un autre procès, en janvier. On lui reproche des attouchements sur une jeune mineure, gestes qui se seraient produits au milieu des années 90.