«Nous le répétons aujourd¹hui, notre manifestation sera pacifique.»

D¹une même voix, des représentants du Collectif opposé à la brutalité policière (COBP), de Montréal-Nord Republik et du Centre de formation Jean-Paul-Lemay assurent que la manifestation prévue demain à Montréal-Nord en hommage à Fredy Villanueva sera «pacifique et familiale.»  

Devant un arbre enseveli de fleurs déposées en mémoire du jeune homme, derrière le centre communautaire de la rue Rolland, les intervenants ont du même coup dénoncé la «campagne de peur orchestrée par le Service de police de Montréal», en prévision de l¹événement.

Compte-tenu de la présence de certains groupes ayant mauvaise réputation, notamment le COBP, les policiers montréalais ont cru bon prévenir cette semaine les commerçants de la tenue de la manifestation.

Les organisateurs de la marche ont aussi réservé des critiques acerbes à l¹endroit d¹un quotidien montréalais, coupable selon eux de les avoir discrédités.

Le COBP n¹a visiblement pas apprécié se faire associer a un groupe d¹agitateurs.

Pourtant, leur marche organisée chaque année au mois de mars tourne systématiquement au vinaigre. Les casseurs profitent de l¹événement pour briser des vitrines, allumer des feux et jouer au chat et à la souris avec les policiers dans les rues du centre-ville.

Le COBP s¹est défendu hier de ne pas avoir la crédibilité nécessaire pour prendre part à la marche pacifique de demain après-midi. «Nous ne sommes pas une bande d¹agitateurs, mais à cause de nos activités, nous sommes ciblés par la police et salis par les médias», a déploré le porte-parole François Du Canal, vêtu d¹un chandail sur lequel on peut lire «police partout, justice nulle part.»

La manifestation débutera à 14h au parc Pilon, à l¹intersection des boulevards Henri-Bourassa et Pie-IX. Une douzaine de groupes y participeront, dont la Maison des jeunes de Côte-des-Neiges, l¹Association générale étudiante du cégep du Vieux Montréal et Republik, réunis sous la chape de la nouvelle Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP). «Les gens de Montréal-Nord ne veulent pas d¹émeutes», a martelé Will Prosper, porte-parole de Montréal-Nord Republik. «Si on voit des gens avec des masques, on va leur dire de les enlever, parce qu¹on n¹a pas honte de qui on est», a ajouté M. Prosper.

Les intervenants portaient des colliers fabriqués avec des dés, une façon symbolique de se rappeler que Fredy Villanueva jouait à ce jeu le jour où il a été tué.

L¹organisme Montréal-Nord Républik s¹est dit fier d¹être associé au COBP, «le seul groupe qui défend la population quand la police commet un crime.»

Les organisateurs profiteront de cette marche pour revendiquer une enquête publique et indépendante sur la mort de Fredy Villanueva, la fin du profilage racial et la reconnaissance que l¹insécurité sociale va de pairs avec les inégalités économiques.

ST:Villeneuve

Plusieurs noms importants du hip hop québécois ont collaboré à la composition d¹une chanson hommage à Fredy Villanueva. La chanson intitulée «Villeneuve» sera interprétée durant la manifestation, par Le Voyou, S.P, Cobna, La Dame de Pique, Le Dramatik, Cris de Metazon, Clermont, Vagalam avec un refrain de Dupuis.

«La ligne est mince entre le profilage criminel et racial», peut-on notamment entendre dans cette chanson aux paroles crûes et d¹actualité.

Un des artistes, Le Voyou, dit avoir participé au projet pour supporter les gens de Montréal-Nord, qui subissent selon lui beaucoup de répression policière. «Je pense que la manifestation va bien se passer, par respect pour la famille de Villanueva», a-t-il expliqué hier.

Un des passages de la chanson, en revanche, peut semer la confusion.

«Laissez-moi m¹exprimer comme l¹a fait Rémy Mercier», entend-on.

Le Rémy Mercier mentionné est un expert en arts martiaux expulsé du Canada vers Haïti en 1995, après avoir menacé de tuer tout policier qui abattrait un Noir. En 2000, il a été embauché pour enseigner des techniques d¹autodéfense aux futurs policiers haïtiens. Le chef de police l¹a plus tard mis à la porte en apprenant son passé.

Questionné quant à l¹utilisation de son nom dans la chanson, Le Voyou le voit d¹un oeil positif. «Après ses paroles assassines, il est devenu entraîneur pour la police. C¹est un signe que tout le monde peut changer», a résumé le chanteur.