Prévention et répression: cette cohabitation est difficile. «Mais il est impossible de faire autrement», dit le criminologue André Normandeau, de l'Université de Montréal.

Les policiers «détestent officiellement le travail social», dit M. Normandeau. «Mais dans les faits, quand vous travaillez de près avec les policiers qui sont fiers de leur métier, c'est ceux qui travaillent avec les jeunes, avec le dépanneur, qui leur donnent des conseils.»

 

«Une bonne prévention amène une meilleure répression, poursuit M. Normandeau, parce que c'est là qu'ils ramassent une bonne information.»

«Un projet comme Éclipse en soi n'est pas mauvais», dit François Bérard, criminologue qui travaille à Montréal-Nord. Sauf qu'à Montréal-Nord, justement, le projet n'est vraiment pas tombé au bon moment. Les relations étaient déjà tendues entre citoyens et policiers sur le terrain (voir autre texte). L'arrivée d'Éclipse n'aurait fait qu'empirer les choses.

Tout cela démontre que les agents sociocommunautaires sont «essentiels», dit Luc Hébert, de l'Université de Montréal, qui enseigne d'ailleurs à des policiers. «Ils devraient être des modèles. Ils se créent un très grand réseau dans la communauté, les écoles, les groupes sociaux, des regroupements d'affaires. Ce sont des personnes qui ont su gagner la confiance des autres. C'est de l'or. C'est ça, le modèle qu'on devrait avoir. On n'en a pas assez. Les gens disent: oui, mais on a besoin de bras! Moi je dis oui pour les bras, mais il n'y a pas assez de têtes!»

Un problème plus profond

De toute façon, croit Luc Hébert, «il est impossible que la police règle le problème à Montréal-Nord».

«Ce n'est pas un problème de police. Elle se ramasse avec les conséquences. Le problème est plus profond. Si la police vide les parcs des gangs de rue, c'est bien, mais ce n'est pas durable. Ce qu'on veut, c'est que ça change à long terme.»