Le rappeur montréalais Enima, de son vrai nom Samir Slimani, a reçu jeudi un sursis de peine et une probation de deux ans pour ne pas avoir respecté des conditions de la cour. Il a toutefois été acquitté de possession d'une arme à feu prohibée chargée, alors que sa coaccusée a écopé d'une peine « clémente » pour ce crime.

Aucune preuve n'a été présentée par la Couronne jeudi contre le rappeur de gangsta rap, toujours menacé d'être expulsé du pays. Il a ainsi été acquitté des cinq chefs d'accusation portés contre lui, notamment de possession d'arme, d'entreposage négligent de munitions et de possession de fausses cartes de crédit.

Le rappeur de 25 ans a été arrêté avec Pamela Thomassin dans un appartement du boulevard Gouin en août 2017. Les policiers avaient alors retrouvé une arme à feu chargée et des munitions dans la sacoche de la femme de 26 ans. Cette dernière a plaidé coupable au printemps d'avoir possédé une arme à feu prohibée chargée et d'avoir entreposé des munitions prohibées d'une manière négligente. 

Samir Slimani avait alors plaidé coupable à deux chefs d'accusation de non-respect de conditions liés à un dossier de proxénétisme et de traite des personnes en Ontario pour lequel il a finalement été acquitté. Jeudi, la juge Silvie Kovacevich lui a imposé un sursis au prononcé de sa peine, assortie d'une probation de deux ans et de 200 heures de travaux communautaires. Il avait déjà purgé l'équivalent de 12 jours de détention. 

Le jeune rappeur d'origine algérienne n'est pas au bout de ses peines, puisque les autorités canadiennes tentent toujours de l'expulser du pays pour « grande criminalité ». La Commission de l'immigration et du statut de réfugié a décrété en mars dernier un sursis de cinq ans à l'exécution de son renvoi pour des raisons humanitaires, mais les autorités canadiennes ont fait appel de cette décision. L'Agence des services frontaliers soutient que Samir Slimani « glorifie la criminalité » et « exprime son mépris envers le système de justice » dans ses chansons.

Dans son hit « For the Low », dont la vidéo a été vue 2,4 millions de fois sur YouTube, 

Samir Slimani fait l'éloge du profit et de la domination des femmes. « Toutes mes hoes [pute] sont à l'hôtel et ils vont pas fuck for the low [pour peu cher] »,. [...] J'apprends toujours à ma bitch à jamais fuck for the low », chante-t-il par exemple.

C'est pour assurer sa protection à la suite d'une invasion à domicile que Pamela Thomassin s'était procuré une arme à feu, a expliqué son avocate jeudi. « C'est une personne qui en étant travailleuse dans l'industrie du sexe a subi de la violence de la part de ses clients, de la violence de la part d'anciens proxénètes et finalement va être victime d'une invasion à domicile », a indiqué Me Roucha Oshriyeh.

Même si le rapport présentenciel mentionne les démarches « embryonnaires » de la femme de 26 ans et son risque de récidive « assez élevé », Me Oshriyeh a souligné à la juge les démarches de réinsertion amorcées par sa cliente pour mettre de côté sa « vie marginalisée » après avoir rencontré « M. Slimani, son conjoint ». 

La juge Silvie Kovacevich a entériné la suggestion commune des avocats en lui imposant une peine « clémente » de 90 jours de prison à purger de façon discontinue, suivie d'une probation de deux ans et de 240 heures de travaux communautaires. 

Un troisième coaccusé, Ayoub Lakehal, a reçu jeudi une absolution conditionnelle pour des accusations liées à des fausses cartes de crédit.