L'ancien grand argentier du parti Union Montréal, Bernard Trépanier, est content du verdict de non-culpabilité prononcé mercredi par la Cour du Québec à l'égard de son ami Frank Zampino et de ses cinq coaccusés, a indiqué hier son avocat Daniel Rock à La Presse.

Me Rock a pris connaissance du jugement et a parlé à son client qui, de son côté, fait face à sept chefs d'accusation relativement au scandale du Faubourg Contrecoeur. « Il est content », a-t-il dit.

C'est d'autant plus vrai que le juge Yvan Poulin estime que le rôle de M. Trépanier n'a pas été prouvé. Il était allégué que Bernard Trépanier, surnommé Monsieur 3 % en référence au montant de la commission qu'il aurait réclamée pendant des années sur chacun des contrats attribués par Montréal, jouait le rôle d'entremetteur pour Frank Zampino alors que ce dernier présidait le comité exécutif de la Ville. Cela « n'est appuyé par aucun élément de preuve suffisamment concret, tangible et fiable », a écrit le juge.

Pour Daniel Rock, la preuve présentée par le ministère public était de toute façon « un ramassis de ragots » basé notamment sur le témoignage de l'ex-ingénieur Michel Lalonde de la défunte firme Groupe Séguin. « Je ne comprends absolument pas que des gens sérieux, des policiers, des procureurs, aient donné foi à ce monsieur-là. N'importe qui qui connaît la Ville de Montréal sait que c'est le gars qui a mis des systèmes en place au fil des années », affirme Me Rock.

GRAVEMENT MALADE

Bernard Trépanier sera jugé dans le cadre d'un procès distinct de celui qui s'est conclu mercredi parce qu'il est gravement malade ; il ne peut pas participer à son propre « procès de façon continue sur une période significative », a même déterminé le Tribunal en mars dernier. Une audience est prévue la semaine prochaine pour que les parties discutent de la façon de mener le dossier.

Me Rock estime que la décision rendue par le juge Yvan Poulin pourrait avoir un impact sur le procès de son client puisque la crédibilité du témoin clé du ministère public est entachée.

« Je ne vois pas un juge dire : "M. Lalonde, quel témoin crédible et intéressant !" » - Me Daniel Rock

Joint hier, Michel Lalonde s'est borné à faire un bref commentaire. « C'est décevant, mais je ne peux pas me prononcer davantage. J'ai encore d'autres dossiers qui vont probablement mener à procès », a-t-il dit.

En effet, M. Lalonde collabore à une autre enquête de l'Unité permanente anticorruption (UPAC), appelée Fronde. C'est à la suite de cette enquête que M. Trépanier a été accusé, tout comme Frank Zampino et six autres personnes, en septembre dernier. Ensemble, ils auraient participé à un système de partage de contrats d'ingénierie attribués par la Ville de Montréal, entre 2001 et 2009.

Daniel Rock entend annoncer que son client renoncera à l'enquête préliminaire prévue le mois prochain.

Selon Me Rock, la décision du juge Poulin n'écorche pas directement le travail des enquêteurs de l'UPAC. « Ça remet en question leur capacité d'analyser ce qui se passe dans le monde municipal. C'est un monde qu'ils ne connaissent pas », croit Me Rock, selon qui les accusations dans l'affaire du Faubourg Contrecoeur ont été précipitées.