Après avoir essuyé un premier revers, Marc-Yvan Côté tentera de nouveau de forcer les journalistes Marie-Maude Denis et Louis Lacroix de témoigner à son procès. Son avocat a confirmé mardi qu'il fera appel d'un jugement rendu la veille par la Cour du Québec.

Me Jacques Larochelle, qui représente M. Côté, a indiqué aux journalistes qu'il a l'intention de contester la décision rendue lundi par le juge André Perreault. Il n'a pas précisé ses motifs, indiquant qu'ils seront présentés en détail plus tard dans une requête.

L'avocat tente de faire avorter le procès de son client. Il plaide que les nombreuses fuites d'éléments d'enquête dans les médias ont entaché sa présomption d'innocence. Nathalie Normandeau et les quatre autres coaccusés ont tous appuyé la requête.

Me Larochelle souhaite interroger les deux journalistes pour connaître l'origine des fuites.

Le juge Perreault a tranché lundi que Mme Denis et M. Lacroix n'auront pas à témoigner et qu'ils ne seront pas forcés de dévoiler l'identité de leur source. À ses yeux, «les requérants n'ont pas démontré que l'intérêt dans l'administration de la justice l'emporte sur l'intérêt public à préserver la confidentialité de la source journalistique».

Plaidoiries

Me Larochelle a livré sa plaidoirie, mardi matin, pour convaincre le juge de mettre fin aux procédures qui ciblent M. Côté et consorts. Il a cherché à démontrer que l'État a fait preuve d'une «indifférence complète aux droits de l'accusé».

Il a cité une quinzaine de reportages qui ont touché de près ou de loin son client. Chacun était basé sur des éléments d'enquête amassés par les policiers, et coulés aux médias, a-t-il fait valoir.

M. Larochelle y voit une preuve de «l'indolence profonde» du gouvernement, qui a le devoir de garantir à M. Côté un procès juste et équitable. Car chaque reportage a entraîné un «torrent» de critiques contre M. Côté.

«Son procès, il l'a déjà subi trois fois plutôt qu'une, a plaidé Me Larochelle. Il l'a subi dans les médias, il l'a subi dans le public, il l'a subi à l'Assemblée nationale.»

L'avocate du Directeur des poursuites criminelles et pénales, Me Catherine Dumais, a pour sa part nié que le droit de M. Côté à un procès équitable soit compromis.

Elle ne conteste pas que des employés de l'État soient à l'origine des fuites médiatiques. Mais cela ne prouve pas un quelconque «dessein oblique» de l'État.

«À notre avis ce n'est pas un agent de l'État qui a fait ça, mais bien un employé de l'État qui allait à l'encontre des intérêts de l'État», a résumé Me Dumais.

Le juge André Perreault a entendu deux requêtes en arrêt des procédures: celle qui a été plaidée cette semaine et une autre qui a été débattue le mois dernier. Il rendra une décision sur ces deux tentatives de faire avorter le procès le 26 mars.