Vingt-deux ans plus tard, le Montréalais Dieuseul Jean, l'un des dix criminels les plus recherchés de la province pendant deux décennies, a été reconnu coupable jeudi du meurtre non prémédité de sa conjointe Juthlande Pierre. Le jury a conclu que l'homme de 56 ans avait poignardé sa conjointe, le jour de Noël, puis avait enroulé son corps dans un tapis caché au sous-sol de leur appartement du quartier Roxboro, dans l'ouest de Montréal.

«Coupable», a déclaré le juré numéro 11, au terme de trois jours de délibérations au palais de justice de Montréal. Assis dans le box des accusés, Dieuseul Jean n'a eu aucune réaction au moment de ce verdict lourd de conséquences. Il est ainsi condamné à la prison à perpétuité. Le juge Daniel Royer de la Cour supérieure devra déterminer la durée de sa peine d'emprisonnement avant d'être éligible à une libération conditionnelle. Le jury s'est abstenu d'offrir une suggestion au magistrat à la suite du verdict.

«Il n'y a pas grand étonnement, la preuve était très forte», a réagi le procureur de la Couronne Jacques Dagenais, à la sortie de la salle. La cavale de Dieuseul Jean pendant 17 ans aux États-Unis a été un élément déterminant dans le procès, selon le procureur d'expérience.

«Il y avait tout le comportement de l'accusé après les faits, parce qu'il s'était enfui aux États-Unis et y était resté pendant une quinzaine d'années. Il n'est jamais revenu ici. Il avait pris un nom d'emprunt, il avait de faux papiers. Il a tout laissé à Montréal, il a laissé son emploi sans avertissement, laissé sa voiture. En plus des autres preuves, ça pointait vraiment», a-t-il expliqué.

L'avocat de la défense, Me Patrick Davis, soutenait pendant le procès qu'il n'y avait pas suffisamment de preuve hors de tout raisonnable concernant l'identité du tueur de Juthlande Pierre. «Dans l'éventualité qu'il pouvait en venir à la conclusion que c'était l'auteur, on pensait sérieusement qu'il n'y avait pas d'intention relative à un meurtre», a-t-il expliqué, en mêlée de presse. Des verdicts d'homicide involontaire ou de tentative de meurtre étaient également ouverts pour le jury. La défense entend «définitivement» faire appel du verdict.

Mener un procès 22 ans après le meurtre n'a pas été de tout repos pour la poursuite. Les deux enquêteurs et le pathologiste judiciaire étaient notamment à la retraite depuis de nombreuses années. Mais surtout, pas moins de quatre témoins étaient morts, et un cinquième «très important» était disparu de la carte depuis 2002. «Ça posait un challenge de plus. Mais quand même pas suffisamment à notre sens pour vraiment rendre la preuve faible. La preuve restait forte», a soutenu Me Dagenais. Il s'agit du dernier procès pour ce procureur de la Couronne aguerri.

Les observations sur la peine auront lieu le 6 décembre prochain.